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ACTUALITES (MAJ Septembre 2007)

 

Birmanie : la tentation terroriste

Bakchich - mardi 22 janvier 2008 - http://www.bakchich.info/article2370.html

 

Ancienne colonie britannique, la Birmanie a longtemps conduit à gauche, avec volant à droite. Jusqu’à ce que le général-dictateur Ne Win, voici 30 ans, décide du contraire. Depuis, les véhicules roulent à droite, tout en conservant le volant à… droite. De quoi donner au trafic routier une étrange allure. Sur les rares tronçons à quatre voies, les véhicules lents roulent sur la file de gauche et les dépassements se font sur la droite, visibilité oblige. Quant aux passagers des bus, ils sont condamnés à monter et descendre par la gauche, au beau milieu de la chaussée. Mais, de cette aberration routière, les Birmans n’en ont plus que faire. La révolution safran, les manifestations non-violentes conduites par les moines fin septembre 2007, a échoué.

 

Tel est le sentiment amer qui domine en Birmanie où beaucoup ont cru, voyant défiler en boucle sur les chaînes d’information du monde entier les images tournées à Rangoon, que la communauté internationale allait contraindre la junte au pouvoir à lâcher du lest. Il n’en fût rien et aujourd’hui il n’est pas rare de croiser des Birmans qui, à l’abri des oreilles indiscrètes, crachent leur mépris pour « ces généraux corrompus et tueurs de moines, qui mènent le pays, pourtant riche, vers la famine. »

 

Ainsi, à l’arrière d’un vieux taxi brinquebalant dans les rues de Rangoon, ce participant aux évènements de septembre explique : « Notre erreur d’appréciation remonte à 1988 où, en quelques jours, l’armée a massacré à huis clos des milliers de civils désarmés, moines, étudiants etc sans aucune réaction internationale. Pas d’images ! En 2007, la médiatisation a si bien fonctionné que la suite semblait aller de soi. D’autant que notre action coïncidait avec l’Assemblée Générale de l’ONU où, malgré les réticences chinoises et russes, le cas birman a été évoqué. »

 

our cet ex-universitaire rencontré dans une librairie de Rangoon, l’échec de la révolution safran doit aussi s’analyser au regard de 1988. « L’espoir né de la médiatisation internationale a fait oublier que la Birmanie est devenue un enjeu énergétique majeur. Et que les exploitants des gisements gaziers qui traitent avec les généraux n’ont aucune envie de changer de partenaires. »

 

Pour ne rien arranger, les arrestations de civils continuent et se déroulent de nuit. Certains sont relâchés, d’autres disparaissent sans laisser de traces et sans qu’aucun décompte fiable n’existe. Il en va de même pour les moines, bien moins nombreux à arpenter les rues pour l’aumône. Là encore, pas de décompte entre les arrestations et ceux qui sont défroqués puis renvoyés dans leurs villages d’origine. Dans les grandes villes, la junte a même doté leurs monastères d’un poste de garde policier.

 

Corollaire du désespoir qui a envahi la société birmane, désormais convaincue de l’échec du changement sans violence (prôné par la Nobel de la Paix Aung San Suu Kyi), des opposants de l’intérieur issus de la société civile n’échappent plus à la tentation terroriste. Sans enthousiasme, un de leurs sympathisants affirme : « En Irak, en Afghanistan, au Sri Lanka, au Népal, on négocie avec les poseurs de bombe. Pourquoi pas en Birmanie ? De toute façon, en 45 ans, les généraux n’ont jamais négocié avec des pacifistes, ils les écrasent ! ». Signe prémonitoire ? Le 11 janvier, une bombe a tué une femme dans la gare de la nouvelle capitale érigée par les généraux, Pyinmana. C’était la troisième petite explosion en 24 heures, annoncée par la junte.

 

Le rôle trouble de la Thaïlande

 

Depuis que la Thaïlande est cliente du gaz birman (merci Total), Bangkok n’a eu de cesse de soutenir la junte de Rangoon. Il faut dire que les généraux des deux pays font de juteuses affaires entre eux… Le soutien thaïlandais s’est avéré particulièrement précieux pour Rangoon lors des manifestations de septembre. La Thaïlande a tout simplement bloqué toute possibilité pour les deux principaux mouvements de guérilla encore en conflit avec la junte birmane de venir en aide aux manifestants. Les armées Karen et Shan, qui alignent toujours quelques milliers de combattants aguerris adossés à la frontière birmano-thaïe, ont vu les troupes d’élite birmanes quitter leurs positions pour renforcer le dispositif répressif à Rangoon et Mandalay. Se préparant à passer à l’offensive, les chefs guérilleros ont reçu la visite des chefs du renseignement militaire thaï qui leur ont fait comprendre que toute exploitation de la situation aboutirait à l’expulsion de leurs familles et leur interdirait définitivement l’accès au territoire thaï, gage de leur survie.

 

Quand on sait que depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale, Bangkok n’a jamais rien décidé sans l’aval de Washington, difficile de penser que leur actuelle politique à l’égard de Rangoon échappe à la règle. La Maison-Blanche, si prompte à soutenir Aung San Suu Kyi et à condamner « l’avant-poste de la tyrannie » que constitue à ses yeux la dictature birmane jouerait-elle double jeu ? Dans ce contexte, la déclaration de Bernard Kouchner en tournée en novembre dans les pays du sud-est asiatique vantant « les bienfaits pour les peuples birman et thaïlandais du gazoduc de Total » — la principale source de devises de la junte — prend tout son sens. Avis aux démocrates birmans : ne confondez pas opinion publique internationale et communauté internationale.

 

 

Les Karens birmans rêvent d'une Terre promise

La Croix - 25/12/2007 -Claire LESEGRETAIN, au camp d'Oumpieng


Ces réfugiés en Thaïlande, majoritairement chrétiens,  sans possibilité de retour en Birmanie ni reconnaissance légale, aspirent à l'émigration et gardent la foi

Le camp des « milles marches », telle est la traduction du mot karen « oumpieng ». Dès que l’on arrive dans ce camp de 15 000 réfugiés, à moins de 5 kilomètres de la frontière birmane, on comprend ce nom.

Le camp d’Oumpieng, qui compte parmi les neuf camps de réfugiés karens installés le long de la frontière birmane (le plus important, le camp de Mae La, abrite 40 000 réfugiés) s’étend sur plusieurs centaines d’hectares de petite montagne.

Les premiers arrivés là, après la grande offensive de l’armée birmane de 1984, se sont installés sur les hauteurs, dans des masures de bois et de bambous sur pilotis. Au fur et à mesure des arrivées, des bicoques de paille et de plastique se sont construites de plus en plus bas dans les vallons, pour remonter ensuite à flanc de collines tout autour.

 

Bangkok interdit toute construction en dur

 

Les habitants passent donc leurs journées à monter et descendre, sur des marches taillées dans la terre, et à enjamber des égouts grâce à des passerelles en bambou. En saison sèche (c’est le cas en cette période de Noël), passe encore – si ce n’est toutefois le risque d’incendie, car il suffirait d’une bougie mal éteinte pour que les toits en paille et feuilles sèches s’embrasent…

Mais à la saison des pluies, les pentes escarpées se transforment en torrents de boue malodorante où se mélangent déchets et excréments des porcs parqués sous les maisons…

Il faut dire que le gouvernement thaïlandais interdit strictement aux réfugiés d’Oumpieng toute construction en dur : ni goudron, ni ciment, donc dans ce camp, si ce n’est pour les bâtiments des ONG – notamment Handicap International et Médecins sans frontières – et pour les constructions servant à stocker le riz et autres denrées alimentaires gérées par l’Union européenne.

Bangkok interdit aussi tout raccordement au réseau électrique et toute canalisation d’eau, si bien que les familles font tourner des petits groupes électrogènes et viennent se laver et chercher l’eau aux rares robinets du camp.

 

Ces 250 000 Karens « illégaux » ont un seul espoir

 

Au-delà de ces conditions de vie dégradées et dégradantes, comparables à celles de tous les bidonvilles, c’est l’absence de statut des Karens dans les camps de Thaïlande qui scandalise, Bangkok refusant de reconnaître ces réfugiés.

Sans état civil, les Karens birmans (à la différence des Karens thaïlandais) sont dans l’impossibilité d’ouvrir un compte en banque, de s’inscrire à l’école ou à l’université, de travailler, bref de vivre ailleurs que dans leurs camps-prisons.

Et s’ils veulent aller à Mae Sod, seule ville à plus d’une heure de voiture où ils sont autorisés à se rendre, ils doivent s’acquitter d’un ticket de 100 baths (environ 2 €) auprès des policiers en faction à chaque entrée du camp. Une somme dissuasive quand on ne possède rien !

Le seul espoir de ces 250 000 Karens « illégaux » dans les neuf camps de Thaïlande et oubliés de tous réside dans l’obtention par l’ONU d’une « carte de personne déplacée ». Celle-ci donne droit aux rations alimentaires mensuelles de l’Union européenne et surtout d’entamer les démarches d’immigration (trois entretiens, examen de santé…) vers l’un des pays accueillant les réfugiés karens, à savoir le Canada, les États-Unis, l’Australie, la Suède et la Norvège.

Mais l’attente de ces papiers autorisant le départ peut durer longtemps. Philipp, père de famille de 53 ans, réfugié en Thaïlande depuis 1984 et à Oumpieng depuis 1999, les espère toujours…

 

«La génération karen née dans les camps est anesthésiée»

 

Comme lui, bon nombre de Karens fuyant la Birmanie pour la Thaïlande s’installent d’abord à Mae Sod où ils trouvent des petits boulots mal payés, dans la construction ou l’agriculture. Au bout de quelques années, comprenant qu’« ils n’auront pas d’avenir tant qu’ils n’auront pas de papiers » – selon la formule de Philipp –, ils viennent dans un camp où, là, ils pourront demander à immigrer.

« Nous voulons partir à l’étranger, car ici nous n’avons pas de liberté, nous ne pouvons rien faire », ajoute Santinus Soiwaneung, arrivé à Oumpieng en 1999 avec sa femme et ses quatre filles, après avoir vécu plus de treize ans dans un autre camp thaïlandais.

Si la génération des Santinus et Philipp parle anglais, ce n’est pas le cas des jeunes d’Oumpieng. Mal scolarisés (en karen et birman) dans les deux écoles gouvernementales du camp et peu stimulés par l’extérieur, la plupart d’entre eux sont incapables de répondre en anglais, ni même en thaï, langues pourtant essentielles pour émigrer ou travailler en Thaïlande.

« J’ai envie de secouer ces jeunes et de leur dire ‘‘réveillez-vous’’ », insiste Sebastian Tinhter, 47 ans, arrivé ici en 2005 après dix ans à Mae Sod et qui attend l’autorisation d’immigrer aux États-Unis avec son épouse et sa fille. Sebastian, qui a jadis travaillé comme technicien de télévision à Rangoun, met un point d’honneur à enseigner l’électricité et la radio à quelques adolescents.

Mais, constate-t-il, consterné, « la génération karen née dans les camps est anesthésiée », et se contente du quotidien routinier et apparemment protégé du camp. Sans parler des « 5 à 10 % » de ces réfugiés – selon les estimations de Santinus – qui fuient dans l’alcool de riz une vie apparemment sans issue.

 

«Les Karens s’identifient au peuple hébreu de la Bible»

 

Plus de la moitié de ces réfugiés karens sont chrétiens (3 % sont musulmans, les autres sont bouddhistes et animistes) et leur foi semble vive. Pour la messe de Noël, célébrée dès le soir du 21 décembre pour raison administrative, la petite église de la Trinité, l’une des deux chapelles catholiques du camp, est bondée.

« Les Karens s’identifient facilement au peuple hébreu de la Bible », confie le P. Olivier Prodhomme, jeune prêtre français des Missions étrangères de Paris (MEP), nommé en 2001 dans cette région par l’évêque de Nakhon Sawan (diocèse le plus étendu de Thaïlande, au nord-ouest du pays).

Il se rend très régulièrement dans les camps de réfugiés karens « parce qu’aucun prêtre thaïlandais ne veut y aller ». Comme les Hébreux, poursuit le prêtre des MEP, « les Karens n’ont ni terre, ni roi et attendent un ‘‘Moïse’’ qui les fera sortir de captivité ».

Et quand on demande à Philipp, Santinus ou Sebastian s’ils rêvent de pouvoir, un jour, revenir dans leur pays, la Birmanie, ils répondent aussitôt : « La Birmanie n’est pas une nation ; elle a été créée artificiellement en regroupant par la force différentes ethnies ; notre pays c’est l’État karen »… Et d’insister : « Nous aussi nous espérons la Terre promise, depuis plus de soixante ans ! »

 

 

Communiqué des Amitiés Franco Karen suite aux événements actuels en Birmanie

28 Septembre 2007

 

Liberté en Birmanie, liberté pour les Karens

 

Les événements en cours à Rangoon apportent une lueur d’espoir à tous ceux qui luttent pour les droits de l’homme en Birmanie. L’association Amitiés Franco Karen, qui œuvre depuis 16 ans pour soutenir la cause Karen, soutient fermement le mouvement de démocratisation et y apporte son concours.

 

Tous les peuples de Birmanie, à commencer par le peuple Karen, sont solidaires du mouvement démocratique. En 1988, c’est en zone libre Karen que se sont réfugiés les victimes de la répression.

 

Amitiés Franco Karen appelle tous les Français attachés aux droits de l’homme, aux principes démocratiques et à l’identité des peuples à se mobiliser massivement pour aider ceux qui, au péril de leur vie, luttent en territoire birman pour la liberté.

 

 

L'armée birmane accusée d'atrocités contre les femmes Karen

AP | 11.02.2007 | 22:49

 

L'armée birmane soumet les femmes de la minorité ethnique Karen à des viols, des tortures et du travail forcé dans le cadre de son offensive contre cette minorité, accuse lundi l'Organisation des Femmes Karen dans un rapport.

L'organisation militante décrit, avec des précisions souvent terribles, les violences subies par 959 femmes et jeunes filles entre 1981 et 2006. Des milliers d'autres cas moins graves sont également expliqués. Des accusations similaires ces dernières années de violences sexuelles contre les femmes de la minorité Shan ont déclenché une vaste condamnation internationale.

"Le viol est et continue d'être utilisé comme méthode de torture pour intimider et humilier la population civile, notamment dans les Etats ethniques. Les femmes et enfants sont soumis au travail forcé et déplacés", écrit le rapport "Etat de la Terreur", dont les auteurs sont membres d'une organisation d'exilés travaillant sur la frontière birmano-thaïe.

Le ministère birman de la Défense n'a pas répondu à une demande de réaction.

En revanche, le ministère birman de l'information a annoncé dimanche avoir passé un accord de paix avec un groupe dissident de la rébellion Karen. Plus de 300 combattants rebelles auraient assisté à la cérémonie, selon la radio-télévision d'Etat.

Cet accord aurait été signé par le général Htein Maung, qui a fondé une organisation dissidente après avoir été limogé de la direction de la 7ème Brigade de l'Union nationale karen (KNU), en lutte depuis un demi-siècle pour l'autonomie et contre le régime birman. Maung combat dans les rangs de la rébellion karen depuis l'âge de 17 ans.

Selon les témoignages publiés dans le rapport, les femmes sont fréquemment violées en réunion, parfois tuées après, toujours en toute impunité pour les soldats. "Après l'avoir violée, ils l'ont tuée en lui tirant dans le vagin", expliquent les auteurs du rapport à propos de Naw Moo, 20 ans, aggressée par quatre soldats dans sa ferme.

Une offensive militaire majeure contre la rébellion Karen a commencé fin 2005, et est toujours en cours. Selon la principale ONG s'occupant de dizaines de milliers de réfugiés sur la frontière thaïe, la violence a chassé 82.000 personnes de chez eux rien qu'en 2006. Depuis 1996, plus de 3.000 villages ont été détruits ou abandonnés dans l'est de la Birmanie et plus d'un million de personnes déplacées.

L'armée birmane multiplie ses camps et autres installations dans l'Etat Karen, y forçant les femmes, même enceintes ou transportant des nouveaux-nés, à porter de lourdes charges.

"Chaque jour des femmes sont violées, contraintes au travail forcé, torturées et tuées, mais l'ONU et la plupart des gouvernements n'ont aucun sens de l'urgence, qu'il faut faire quelque chose", a déploré Mark Farmaner, du groupe de pression britannique Burma Campaign.

Sur le Net

The Burma Campaign UK: http://www.burmacampaign.org.uk

 

 

Le Canada accueillera 2 000 nouveaux réfugiés karens

9 Février 2007

 

    LONDON, ON, le 9 fév. /CNW Telbec/ - L'honorable Diane Finley, ministre de la Citoyenneté et de l'Immigration, a aujourd'hui annoncé qu'au cours des deux prochaines années le Canada accueillera 2 000 nouveaux réfugiés karens en provenance de la Birmanie (aussi appelée Myanmar).

    Les Karens, un groupe ethnique minoritaire, ont fui leur pays en 1995 à la suite d'une offensive majeure de l'armée du gouvernement birman contre l'Union nationale karen. Ils font partie des 140 000 réfugiés birmans qui

vivent dans des camps de réfugiés en Thailande depuis près de 20 ans. Le Canada a déjà accepté un premier contingent de 810 réfugiés karens à des fins de rétablissement en 2006.

    "Le nouveau gouvernement du Canada est heureux d'ouvrir ses portes à 2 000 autres réfugiés karens, qui vivent dans des conditions affreuses depuis de nombreuses années", a déclaré la ministre Finley. "Nous sommes heureux de pouvoir les aider à rebâtir leurs vies dans un environnement accueillant et sécuritaire. Cela fait partie d'une longue tradition humanitaire d'offrir une protection aux réfugiés."

    Le Canada a travaillé en étroite collaboration avec le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) et avec d'autres pays afin de rétablir des groupes de réfugiés considérés comme étant plus vulnérables que la population générale des réfugiés. Les groupes ciblés sont ceux qui ont vécu des persécutions terribles, y compris la torture, l'emprisonnement, le travail forcé, la destruction de villages par le feu et les déplacements forcés au sein de leur patrie. Le HCR a désigné les réfugiés karens en Thailande comme faisant partie d'un groupe distinct avec des besoins en matière de protection et des vulnérabilités qui leur sont propres, et il a demandé l'aide de la communauté internationale pour leur rétablissement.

    "La volonté du Canada de rétablir un plus grand nombre de réfugiés karens démontre sa détermination à trouver des solutions pour les réfugiés les plus vulnérables qui se trouvent depuis longtemps dans des camps et qui ne peuvent retourner dans leur pays en toute sécurité ou demeurer dans le pays d'accueil", a ajouté Jahanshah Assadi, représentant du HCR au Canada. "Ce geste de la part du Canada vient appuyer notre collaboration étroite et continue pour aborder les situations de réfugié prolongées, comme celle des karens qui en sont un exemple typique."

    Des 810 réfugiés karens que le Canada a accepté d'accueillir l'an dernier, 712 sont déjà arrivés et s'affairent à s'établir partout au pays. De ce nombre, 90 se sont installés à London, en Ontario, où la ministre a fait l'annonce.

    Citoyenneté et Immigration Canada collabore étroitement avec des fournisseurs de services d'établissement et des groupes de parrainage du secteur privé qui offrent des services clés et un soutien aux réfugiés en vue de les aider à s'adapter à leur nouvelle vie au Canada, une vie très différente de celle qu'ils ont laissée derrière eux. Pour assurer le succès à long terme des nouveaux arrivants, le nouveau gouvernement du Canada investit des sommes importantes, notamment les 307 millions de dollars annoncés dans le Budget 2006 pour l'établissement dans les provinces autres que le Québec, qui a conclu sa propre entente à cet égard.

    "Ici, à London, tout le monde s'est mobilisé pour aider et accueillir les 90 Karens qui sont arrivés en novembre 2006", a déclaré Mme Mary Williamson, directrice exécutive du Cross Cultural Learner Centre, où les Karens ont été

logés à leur arrivée. "Les habitants de London ont été très généreux. Certains ont même donné des guitares et d'autres instruments de musique pour permettre aux Karens de tenir leur pratique de chorale, une activité importante pour eux. Nous sommes prêts et nous avons hâte d'aider le prochain groupe de réfugiés karens à s'établir ici."

    Les Etats-Unis, l'Australie, la Nouvelle-Zélande, la Finlande, le Danemark, la Norvège, la Suède, le Royaume-Uni et les Pays-Bas comptent aussi parmi les pays qui ont répondu à l'appel du HCR et qui ont accepté d'accueillir des réfugiés karens à des fins de rétablissement.

 

    Des photos de l'activité tenue au Cross Cultural Learning Centre seront disponibles sur le site Web de CIC à l'adresse www.cic.gc.ca     Vous pouvez visionner une séquence vidéo tournée dans un camp de réfugiés

karens en Thailande sur le site Web du HCR. Veuillez communiquer avec Nanda Na Champassak, soit par courriel à l'adresse électronique champass@unhcr.org ou par téléphone au 613-232-0909, poste 236

 

 

Mort de l'ancien président de la rébellion Karen en Birmanie

29 Décembre 2006

 

Bo Mya, ancien président de l'Union nationale Karen (KNU) birmane, une des plus anciennes guérillas au monde, est décédé dimanche en Thaïlande. Il était âgé de 79 ans.

[ats] - Bo Mya s'est éteint dans un hôpital privé proche de la frontière avec la Birmanie vers 02h00 (20h00 suisse samedi), a indiqué le secrétaire général de la KNU, Pado Mahn Sha.

Souffrant de diabète, le leader Karen était paralysé depuis près de deux ans et ne s'alimentait plus depuis deux semaines, a précisé le secrétaire général.

Bo Mya avait dirigé la rébellion Karen pendant plus deux décennies, de 1976 à 2000. La KNU est la plus importante armée ethnique à laquelle doit faire face la junte militaire au pouvoir en Birmanie.

Rangoun a conclu des accords avec 17 groupes armés ethniques mais aucun cessez-le-feu n'a été signé avec la KNU.

Les combats qui perdurent entre rebelles et forces régulières ont fait fuir des dizaines de milliers de personnes, selon des organisations humanitaires.

 

 

Action de terrain - Karen (Birmanie) - soutien scolaire

http://www.icrainternational.org/terrain/index.php?ressource=4

 

Contexte

 

Depuis plus de 40 ans, les karens et les karennis combattent la junte militaire dans les régions de l'Est de la Birmanie, près de la frontière thaïe. Au cours de ces 15 dernières années, près de 120.000 karens ont fui la répression birmane et se sont réfugiés dans les camps situés le long de la frontière en Thaïlande. Les ONG leur fournissent la nourriture, les soins de santé, le matériel scolaire, etc.

Pour les karens restés en Birmanie, la situation se précarise de jour en jour. Aucune aide ne parvient à ces populations qui errent dans la jungle birmane dans l'espoir de rejoindre la frontière thaïlandaise. Ces populations ne bénéficient pas de l'aide des ONG. Elles survivent dans des conditions de vie dramatiques : les soins de santé sont inexistants, les enfants n'ont pas accès à la scolarité. Fuir vers la Thaïlande est devenu difficile : les autorités thaïes essaient de contenir, voir de stopper le flot des réfugiés.

Il devient à ce jour extrêmement urgent et indispensable d'assurer une action solidaire à l'intérieur même du territoire birman, auprès des populations civiles tentant de survivre dans des zones échappant encore au contrôle de l'armée birmane et qui ont perdu tout espoir de pouvoir se réfugier à l'abri des frontières de la Thaïlande.

Objectifs

Plusieurs initiatives ont déjà été entreprises par les réfugiés birmans ou karens de la région de Mae Sot dans les domaines médical et éducatif.

Elles se sont concrétisées en tout premier lieu par la mise en place de plusieurs équipes de "Médic-back-pakers". Il s'agit de réfugiés, formés aux premiers secours, aux interventions d'urgences. Dotés de quelques médicaments essentiels et d'un matériel de première urgence transportés dans des sacs à dos, ils partent de Thaïlande, traversent la frontière et s'enfoncent en Birmanie à la recherche des populations civiles isolées pour leur porter secours lors de missions qui peuvent durer souvent plusieurs mois au péril de leurs vies.

Ces équipes médicales sont accompagnées d'instituteurs qui tentent de scolariser pendant de brèves périodes ces populations dans des structures semi-permanentes. ICRA participe à cette mission en parrainant ces équipes, c'est-à-dire en soutenant ces instituteurs bénévoles afin qu'ils puissent subvenir aux besoins de leur mission, à leur logistique lors de leurs déplacements dans la jungle Birmane, et également à leur assurer une petite rémunération pour permettre à leurs familles de se subvenir à elles-mêmes pendant leurs absences.

 

Responsable

Patrick BERNARD et Elisabetta

 

Réalisations

  • Courant 2001, une somme de 600 euros a permis de commencer à parrainer une équipe pour 7 mois.

  • En 2002, Akassa a transféré la somme de 1060 euros, salaires de trois instituteurs. Aujourd'hui de nombreux autres enfants souhaitent profiter des cours de l'école et nos amis Karens nous demandent plus de soutien afin de permettre à deux nouveaux instituteurs de se joindre à la première équipe. Par ailleurs, l'exposition du peintre Karen Maung Maung Tinn courant 2002 a été un succès : la vente des peintures a rapporté 3150 euros auxquels s'ajoutent 2785 euros de dons. Les 2785 euros seront utilisés pour un an de salaire pour les trois professeurs du nouveau projet de Lily : une école secondaire pour les enfants des ethnies karen, shan et mon à Mae Sot (Thaïlande) où ils n'ont pas encore d'école pour l'instant. L'école a ouvert en juin 2002. Les 3150 euros générés par la vente des peintures ont été utilisés pour diverses actions : financement d un cours pour les assistants médicaux, achats de couvertures, des moustiquaires et des vêtements, achat de médicaments pour 6 mois pour un dispensaire dans un village en Birmanie, etc.

  • 2003 : Nous avons donc décidé de verser mensuellement les salaires de 5 instituteurs (30 euros mensuel par enseignant) à partir de 2004 afin de répondre à cette demande et grâce surtout à de nouveaux parrainages mensuels en faveur de ce programme. Autre projet à l'étude : le financement de l' école pour les enfants de réfugiés birmans clandestins en Thaïlande. En 2003, 1400 euros ont été transférés pour ce programme.

  • 2004 : Depuis fin 2001, Akassa soutien une petite école karen installée dans un village de la jungle birmane. Depuis 2004, nous apportons notre soutien à une autre école d'un autre village situé lui aussi en Birmanie. Ainsi à ce jour, nous assurons la rémunération de sept instituteurs karen (30 euros par mois et par instituteur) qui font classe à environ 200 enfants. De plus nous prenons également en charge deux petits salaires pour deux personnes qui s'occupent de la logistique et de la sécurité des écoles. En 2004, 3000 euros ont été transférés pour ce programme.

  • En 2005, le programme a continué (nous recevons régulièrement les rapports détaillés d'Elisabetta) et 2146 euros ont été transférés en deux fois pour ce programme. En 2006, nous allons peut-être aider une autre petite école et ses deux instituteurs.

Huit parrains financent ce programme.

 

 

Enfants soldats : un rapport de l'ONU cite notamment la Birmanie et le Soudan

30 Novembre 2006

Un nombre alarmant d'enfants sont exploités, dit la représentante des États-Unis lors d'un débat au Conseil de sécurité de l'ONU.

Par Judy Aita
Correspondante de l'USINFO
 

New York (Nations unies) - Selon l'ONU, la Birmanie et le Soudan sont deux des pays où le recours à des enfants soldats persiste bien que la communauté internationale leur ait demandé à plusieurs reprises de mettre fin à cette pratique. Ces deux pays figurent dans le rapport que le secrétaire général de l'ONU, M. Kofi Annan, a soumis au Conseil de sécurité et dans lequel il cite 38 groupes de 12 pays qui utilisent des enfants dans des conflits armés.

Lors d'un débat d'une journée, le 28 novembre, le Conseil de sécurité a examiné la situation et a condamné avec force l'enrôlement et l'utilisation d'enfants dans les conflits armés, les meurtres et mutilations d'enfants, les viols, les enlèvements et la privation d'aide humanitaire.

« Il importe que l'ONU, le Conseil de sécurité et nos États continuent de consacrer leur attention à la question des enfants dans les conflits armés, en particulier vu les estimations alarmantes selon lesquelles quelque 300.000 enfants participent à l'heure actuelle à une trentaine de conflits dans le monde entier », a dit la représentante des États-Unis chargée des affaires politiques spéciales, Mme Jackie Sanders.

Le sort des enfants soldats est particulièrement sombre en Birmanie, au Soudan, dans certaines régions de la République démocratique du Congo et dans le nord de l'Ouganda où sévit l'Armée de résistance du Seigneur. Cette dernière a enlevé près de 25.000 enfants, « qui sont souvent obligés de participer à des actes de violence extrême, notamment de battre ou de massacrer à coup de machette d'autres enfants qui avaient tenté de s'échapper. Des filles de 12 ans à peine sont données comme « épouses » à des commandants. »

On pense que la Birmanie est le pays qui compte le plus grand nombre d'enfants soldats. L'association Human Rights Watch a documenté l'enrôlement forcé de garçons âgés seulement de 11 ans dans l'armée nationale de la Birmanie, a dit Mme Sanders en ajoutant que les forces birmanes se servaient du viol des adolescentes et des femmes des minorités Shan, Karen, Karenni et autres comme instrument de guerre.

Bien que le régime militaire birman admette l'existence de l'enrôlement d'enfants et qu'il prétende avoir sanctionné cinq responsables et établi une commission en vue d'empêcher cette pratique, des informations continuent d'indiquer que le recrutement d'enfants soldats n'a pas cessé dans ce pays.

Au Soudan, aussi bien les forces armées soudanaises que l'Armée de libération du peuple soudanais recrutent des enfants. Au Darfour, les forces gouvernementales et paramilitaires, les milices djandjawids, la faction de l'Armée de libération du Soudan dirigée par Minni Minawi, et les forces d'opposition tchadiennes recrutent et utilisent des enfants. Selon M. Kofi Annan, « on estime que des milliers d'enfants sont encore associés avec les forces et les groupes armés au Darfour et ont joué un rôle actif dans le conflit entre mai et juillet 2006 ».

En outre, la pratique consistant à commettre des violences sexuelles sur des adolescentes et des femmes d'ethnies différentes persiste, en particulier dans les zones comptant de nombreuses personnes déplacées. D'après l'ONU, quelque 40 % des victimes ont moins de 18 ans, et un grand nombre de ces agressions sont effectuées par des soldats.

Mme Sanders a demandé au gouvernement du Soudan, qui est signataire de la Convention sur les droits de l'enfant et du protocole facultatif concernant la participation d'enfants aux conflits armés, d'accepter sa responsabilité pour l'enrôlement d'enfants soldats et de prendre immédiatement des mesures pour y mettre fin.

Pour sa part, l'association Human Rights Watch souhaite que le Conseil de sécurité prenne des mesures plus énergiques et qu'il applique des sanctions à ceux qui ont recours à des enfants soldats. M. Jo Becker, qui fait partie de cette association, a déclaré à ce propos : « Ces groupes continueront d'utiliser des enfants tant qu'ils n'en subiront pas les conséquences. Le Conseil de sécurité devrait se servir de son pouvoir pour punir les groupes qui ruinent la vie d'enfants vulnérables et pour leur appliquer des sanctions. »

Par ailleurs, malgré les mesures visant à mettre fin à l'exploitation sexuelle d'enfants par le personnel des forces de maintien de la paix de l'ONU, cette exploitation persiste, indique le rapport de l'ONU. De janvier 2004 à août 2006, des enquêtes portant sur 313 membres de ce personnel ont abouti au licenciement de 17 civils et au renvoi chez eux de 17 policiers et de 141 militaires. En outre, 85 autres affaires font encore l'objet d'une enquête.

Parmi les autres groupes armés qui ont recours à des enfants et qui sont cités dans le rapport de l'ONU figurent les Tamil Tigers au Sri Lanka, les Maoïstes au Népal, cinq groupes en République démocratique du Congo, des milices affiliées avec le camp présidentiel et les forces armées des Forces nouvelles en Côte d'Ivoire, l'Alliance pour le rétablissement de la paix et le contre-terrorisme et l'Union des tribunaux islamiques en Somalie, ainsi que des groupes de guérilla aux Philippines et en Colombie.

Mme Sanders a indiqué que les États-Unis appuyaient la surveillance active des États et des groupes armés cités dans le rapport de l'ONU, les pourparlers avec les États et les groupes armés en vue d'élaborer des plans visant à supprimer le recours à des enfants soldats, ainsi que la poursuite des efforts destinés à mettre fin à l'exploitation sexuelle des enfants.

Depuis 2001, les États-Unis ont consacré plus de 34 millions de dollars à la prévention du recrutement des enfants soldats et à la facilitation de leur démobilisation et de leur réinsertion sociale.

(Les articles du "Washington File" sont diffusés par le Bureau des programmes d'information internationale du département d'Etat. Site Internet : http://usinfo.state.gov/francais/)

 

 

Birmanie : cynisme sans frontières
Le 28/11/2006 à 0 h 00 - par Skander Houidi

 

Les autorités de Rangoon ont sommé la Croix Rouge de se retirer des régions frontalières de l’est, où, confrontées à des guérillas ethniques, elles se livrent à des violations systématiques des Droits de l’Homme.

Les rapports sur les exactions commises par la junte au pouvoir en Birmanie se succèdent. Une opposition démocratique brimée – sa figure de proue, la prix Nobel de la paix, Aung San Suu Kyi, est en résidence surveillée depuis plus de 10 ans –, des milliers de prisonniers politiques emprisonnés et probablement torturés. Une gestion économique irrationnelle qui a conduit ce pays riche en ressources naturelles au rang des plus pauvres d’Asie. Des revenus détournés par le pouvoir, couplés à ceux du narcotrafic, qui servent à financer le conflit que livre Rangoon aux minorités ethniques dans l’est (Karen, Kanchi et Shan) depuis des dizaines d’années : certaines ONG évoquent l’usage d’armes chimiques, d’autres des tueries et des viols contre les populations Karenni. Des affrontements qui ont provoqué des milliers de morts, des exodes massifs de population (150 000 birmans sont réfugiés dans la Thaïlande voisine) et une dégradation de la situation humanitaire : la mortalité infantile serait de 7% et l’espérance de vie de 56 ans, considérablement réduite par la présence de maladies (malaria, sida, typhoïde) et le manque d’infrastructures sanitaires.

Fortes du soutien diplomatique de la Chine et de la Thaïlande, avec qui elles entretiennent des relations économiques étroites, les autorités de Rangoon s’en lavent les mains. Lorsque le Conseil de sécurité de l’ONU, grâce à l’impulsion de l’ancien président tchèque Vaclav Havel et de l’archevêque sud-africain Desmond Tutu, plaçait la question birmane à son ordre du jour permanent (en septembre dernier), la junte répondait en jetant en prison six démocrates. Face aux récriminations croissantes des ONG, la dictature a décidé de fermer les bureaux du CICR (Croix Rouge) situés dans ces provinces frontalières où sévissent les principales exactions. La Croix Rouge ne sera pas non plus autorisée à reprendre les visites de prisonniers dans les geôles birmanes : dans la sinistre prison de Mandalay, un leader étudiant de 34 ans, Ko Thet Win Aung, est mort au mois d’octobre dernier.

Il y a un peu plus d’une semaine, l’Organisation internationale du travail (OIT) déclarait vouloir saisir l’ONU et la Cour pénale internationale pour le manque de volonté de Rangoon à combattre le travail forcé. On ignore encore par qu’elle mesure cynique le régime va répliquer.

 

 

Un article de Valeurs Actuelles du mois d'Août 2006 : pdf1 - pdf2

 

 

Birmanie: Johnny Htoo, l'un des "petits généraux" de l"'armée de Dieu" karen s'est rendu, selon les médias birmans By AYE AYE WIN

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RANGOON (AP) -- Johnny Htoo, l'un des jeunes frères jumeaux à la tête de l'autoproclamée "Armée de Dieu", petit groupe de la guérilla karen, s'est livré à la junte militaire birmane, rapportaient mardi soir la radio et la télévision officielles birmanes.
Johnny Htoo et huit de ses compagnons avaient quitté un peu plus tôt dans le mois un camp de réfugiés en Thaïlande. Ils ont rendu leurs armes en deux groupes, les 17 et 19 juillet, au commandement militaire régional dans le sud-est de la Birmanie, selon ces médias.
A la fin des années 90, deux enfants, Johnny et son frère Luther, étaient devenus les chefs charismatiques d'un petit groupe de rebelles de la minorité chrétienne karen luttant contre la junte militaire dans l'est de la Birmanie.
Les frères jumeaux avaient acquis une aura mystique auprès de leurs partisans après l'entrée des troupes birmanes dans leur village en 1997 lors d'un ratissage des zones peuplées par les karens. Johnny et Luther étaient censés avoir réunis des hommes et dirigé une contre-attaque victorieuse. Leurs fidèles en étaient même venus à croire les deux frères invulnérables aux balles et aux mines antipersonnels.
En 1999, une photo des "petits généraux" de l'armée de Dieu, alors âgés de 12 ans, en avait fait le symbole des enfants-soldats dans le monde entier. Le cliché montre un Johnny aux cheveux longs pensif, tandis qu'à côté de lui Luther fume une cigarette.
Les deux frères, aujourd'hui âgés de 18 ans environ, se sont rendus aux autorités thaïlandaise en janvier 2001 et vivaient dans un camp de réfugiés dans le pays. L'an dernier, la télévision thaïlandaise avait montré les images de deux adolescents lisses et bien élevés, s'intéressant à la musique et la religion. AP

 

 

Attaque des rebelles en Birmanie: deux morts

Agence France-Presse

Rangoun

 

Deux fonctionnaires ont été tués et cinq villageois ont été blessés dans une embuscade attribuée aux rebelles dans l'est de la Birmanie, a indiqué vendredi le quotidien officiel New Light of Myanmar.

Un groupe d'employés gouvernementaux en déplacement dans un village de la région de Bago, à 160 km environ au nord de la capitale Rangoun, ont été la cible de tirs après que leur véhicule eut heurté une mine.

Deux fonctionnaires ont trouvé la mort et cinq villageois ont été blessés, précise l'organe de presse officiel, sans indiquer à quel mouvement appartiennent les rebelles.
 

Bago se situe près d'une région où l'armée conduit depuis février une importante offensive contre l'Union nationale karen (KNU), qui mène une guérilla ethnique depuis un demi-siècle en Birmanie. La KNU réclame l'autonomie de la région, proche de la frontière avec la Thaïlande.

Des cessez-le-feu ont été conclus avec 17 autres groupes armés ethniques mais les discussions avec la KNU ont échoué il y a deux ans.

 

 

Birmanie: reddition de plusieurs centaines de rebelles

RANGOUN (AP) -- Près de 900 rebelles de l'ethnie chan en Birmanie ont déposé les armes en remettant à l'armée plusieurs centaines de pistolets, de grenades et de mines, ont rapporté les médias d'Etat samedi.
En échange de leur reddition, les rebelles recevront "une assistance pour vivre", ainsi que des terres, selon le journal. Les Chans sont une ethnie du nord-est de la Birmanie.
Les 848 hommes appartiennent à une faction dissidente de l'Armée de l'Etat chan, une organisation séparatiste armée qui combat le pouvoir central depuis des dizaines d'années. Ils ont remis leur arsenal, à savoir 800 pistolets, 55 grenades, 63 mines, ainsi que du matériel de communication lors d'une cérémonie qui a eu lieu jeudi dans les Etats chan, a rapporté le journal "Myanma Ahlin".
Cette reddition survient alors que le régime militaire a accentué sa répression depuis février lorsque au moins une douzaine de responsables politiques chans ont été arrêtés. Par ailleurs, le QG de l'Armée de l'Etat chan a été pilonnée en avril. Celle-ci compterait 5.000 combattants, selon les autorités. AP

 

 

Birmanie: Génocide en cours

http://www.aleloo.com

7 Juin 2006

 

L’opération militaire d’extermination de l'ethnie des Karen à majorité chrétienne a débuté en avril et se poursuit jusqu’à maintenant. D’un village à un autre, l’armée birmane sème la mort, la torture et la destruction. Au 7 juin 2006, plus de 18 000 chrétiens ont dû fuir leurs villages et on ne compte pas le nombre de mort.

« C'est un véritable génocide qui est en train de se dérouler juste sous nos yeux.»

L’armée birmane procède toujours de la même manière, elle attaque un village, brûle les maisons et tue les habitants, qui n’ont pas eu le temps de fuir. Dans de nombreux villages, les corps des victimes ont été retrouvés mutilés et décapités. Une femme enceinte de cinq mois a été assassinée. Personne n’est épargné. Selon Stuart Windsor, le directeur national de Christian Solidarity Worldwide’s (CSW) C'est un véritable génocide qui est en train de se dérouler juste sous nos yeux. Les gens ont beaucoup de mal à imaginer toute l'ampleur de ces attaques et la brutalité des ces atrocités. 18 000 chrétiens sont parvenus à échapper à l’horreur, cependant ils souffrent de la malaria, de dysenterie et de diarrhée.

Le 3 juin dans le nord de l'Etat Karen, 800 villageois, dont des enfants, ont été épargnés. En effet, les militaires les ont capturés pour qu'ils servent aux travaux forcés. Ils sont chargés de porter les réserves de nourriture des militaires dans leur périple sanguinaire. Ceux qui essaient de s’enfuir sont immédiatement abattus. Mais certains prisonniers ont réussi à s’enfuir sans être pris, et c’est grâce à leur témoignage que nous avons des informations sur le génocide en cours. Ils ont également rapporté que l’armée birmane prévoit d’autres attaques dans certaines régions comme le Myaunglebin, le Toungoo et le Muthraw.

La communauté internationale commence à peine à réagir. Le 31 mai, Margaret Beckett, ministre des Affaires étrangères du Royaume Uni, a condamné la décision du gouvernement birman de prolonger la détention en résidence surveillée du prix Nobel de la Paix, Aung San Suu Kyi. Les Etats-Unis ont annoncé qu’ils recherchaient une solution à la crise birmane par le biais du conseil de sécurité de l’ONU. Dans tous les cas, la communauté internationale devra exercer plus de pression pour influencer le gouvernement birman. Car le génocide des chrétiens de l’ethnie Karen se poursuit inexorablement.

Magdaléna Morisset.

 

 

Première visite d'un haut fonctionnaire de l'ONU en Birmanie

Agence France-Presse

18 Mai 2006

Rangoun

 

Un haut fonctionnaire des Nations unies a entamé jeudi une visite de trois jours en Birmanie -la première à ce niveau depuis plus de deux ans- dans le but d'encourager des réformes démocratiques et le respect des droits de l'Homme.
Dès son arrivée à Rangoun, Ibrahim Gambari, secrétaire général adjoint de l'ONU pour les affaires politiques, a été conduit à une résidence militaire où il tiendra la plupart de ses réunions.
L'ambassadeur des États-Unis à l'ONU, John Bolton, a déclaré avoir approuvé cette visite à condition que soient évoqués le sort de la dirigeante de l'opposition Aung San Suu Kyi et les droits de l'Homme en Birmanie où des généraux se sont succédé au pouvoir depuis 1962.  

M. Gambari a prévu de rencontrer des responsables de la junte, des membres de la société civile et des représentants de la Ligue nationale pour la démocratie (LND) de Mme Suu Kyi.
Aung San Suu Kyi, 60 ans, Prix Nobel de la Paix, est en résidence surveillée depuis 2003. Au total, elle a été privée de liberté pendant plus de 10 des 17 dernières années.
La LND ne croit pas que le régime militaire autorisera une rencontre entre Ibrahim Gambari et Mme Suu Kyi, dont l'assignation à résidence devrait être prolongée la semaine prochaine, a indiqué Myint Thein, porte-parole du parti.
Le responsable de l'ONU devrait voir d'autres représentants de la LND vendredi avant de se rendre samedi à Naypyidaw, la capitale administrative récemment créée par la junte à côté de la ville de Pyinmana (centre de la Birmanie), ont indiqué des responsables birmans.
Le numéro un du régime, le généralissime Than Shwe, se trouve actuellement à Naypyidaw mais on ne sait pas s'il recevra M. Gambari.
La mission de l'ONU intervient alors que la junte a menacé d'inclure la LND sur la liste des «organisations terroristes», ce qui pourrait entraîner son interdiction.
L'armée birmane poursuit, par ailleurs, des opérations contre des rebelles de la minorité karen, qui ont poussé à l'exode des milliers de civils.
Le dernier représentant de l'ONU pour la Birmanie, le Malaisien Razali Ismail, a démissionné en janvier dernier après avoir été empêché d'entrer dans le territoire pendant deux ans.
Les États-Unis et l'Union européenne ont imposé des sanctions il y a dix ans contre la Birmanie mais leur efficacité est minée par le commerce grandissant entre le pays visé et ses principaux voisins (Chine, Inde, Thaïlande).

 

 

Une Histoire des Karens.

http://apa.online.free.fr/article.php3?id_article=997

Source documentaire : Union Nationale Karen (KNU), Kawthoolei.

 

• Préface

Nous, les Karens de la Birmanie, avons été obligés de nous battre contre les gouvernements birmans au pouvoir depuis quarante-trois ans. [en 1992]

Détenant le pouvoir sur tous les organes de l’état et en plein contrôle de la presse, de la radio et de la télévision, les gouvernements birmans successifs, de l’AFPFL (Anti-Fascist People’s Freedom League) à la junte militaire actuelle dirigée par le Général Than Shwe et son Conseil d’Etat pour la Restauration de la Loi et de l’Ordre (SLORC), nous ont toujours dépeints aussi noirs qu’ils le peuvent. Ils nous ont qualifiés d’insurgés, de fauteurs de guerre, une poignée de contrebandiers, des personnes qui vendent sur le marché noir, et comme agents à la fois des communistes et des impérialistes.

Néanmoins, dans la mesure de nos moyens, nous avons toujours essayé de réfuter la propagande birmane, inique et tendancieuse, et de faire connaître au monde les faits réels de notre cause.

En nous battant contre le gouvernement birman nous ne sommes motivés ni par un nationalisme étroit ni par une malveillance envers le gouvernement birman et le peuple birman. Notre lutte n’a été déclenchée ni par le monde capitaliste ni par les communistes, comme certains nous en ont faussement accusé. Elle possède sa propre originalité. A travers l’histoire les Birmans ont pratiqué l’anéantissement, l’absorption et l’assimilation (les trois A) contre les Karens, et ils le font encore aujourd’hui. En bref, ils pratiquent contre nous une guerre de génocide. Ainsi ils nous ont obligés à nous battre pour notre propre existence et pour notre survie.

Nous essayons dans ce document de vous présenter un bref aperçu de la lutte des Karens pour la liberté - de notre cause - que nous croyons être juste, vertueuse et noble. Nous espérons ainsi que le monde apercevra la vraie situation des Karens, un peuple oublié qui continue à se battre intensément pour sa liberté, tout seul et sans l’aide quelconque de qui que ce soit.

 

• Les Karens, Une Nation, Leur Nature et Leur Origine.

Les Karens sont beaucoup plus qu’une ethnie minoritaire. Nous sommes une nation de 7 millions de personnes qui possède toutes les qualités inhérentes à une nation. Nous avons notre propre histoire, notre propre langue, notre propre culture, nos propres terres et un système de vie économique propre à nous-mêmes. Par nature les Karens sont un peuple modeste, tranquille et paisible qui s’attache aux qualités morales de l’honnêteté, de la pureté et de l’amour fraternel, de la vie coopérative et de la loyauté ; et qui sont sincères dans leurs croyances religieuses.

Du point de vue historique, les Karens sont descendus des mêmes ancêtres que le peuple mongol. Les premiers Karens (ou Yangs, comme ils étaient appelés par les Thaïs) se sont implantés dans le Htee-mset Met Ywa (les Terres des Sables qui Coulent : un pays qui avoisine la source du Yang-Tse-Kiang dans le désert du Gobi). De là nous avons migré vers le sud et peu à peu nous sommes entrés dans le pays qui s’appelle aujourd’hui la Birmanie, aux alentours de 739 avant J.-C.

Nous étions, selon la plupart des historiens, les premiers à coloniser cette terre nouvelle. Les Karens ont appelé ce pays Kaw-Lah, qui veut dire le Pays Vert. Nous commencions à débroussailler et à labourer notre terre, libre de toute contrainte. Nos labeurs étaient productifs et nous étions heureux de notre condition. Donc nous avons changé le nom du pays en Kawthoolei, un pays indemne de tous les malheurs, de la famine, de la misère et de la guerre : Kawthoolei, un pays agréable, productif et tranquille. Ici, nous vivions des vies qui étaient typiquement sans bouleversement et paisible, avant l’arrivée du Birman.

 

• La Période Avant la 2ème Guerre Mondiale

Féodalisme Birman, Impérialisme Britannique et Fascisme Japonais.

Nous, les Karens, n’ont pu profiter longtemps d’une existence paisible. Les Môns ont d’abord pénétré dans cette région, suivi peu après par les Birmans. Les Môns et les Birmans ont introduit le féodalisme, qu’ils pratiquaient pleinement. Les Birmans ont gagné la guerre féodale et ils ont subjugué toutes les autres nationalités dans le pays. Les Karens ont subi des souffrances innombrables à cause de leurs maîtres birmans. La persécution, la torture, les tueries, l’oppression et l’exploitation étaient la norme. En témoignage on peut citer quelques faits historiques, tel l’assujettissement par les Birmans des Môns et des Arakanais, et surtout leurs atrocités contre les Thaïs à Ayudhaya. Ces événements témoin de façon conclusive des cruautés du féodalisme birman. Ces atrocités ont été si extrêmes que les peuples qui ont souffert continuent de ressentir un profond ressentiment envers le peuple birman, même de nos jours.

A cette époque beaucoup de Karens de trouvaient obligés, pour sauver leurs vies, de fuir dans les hautes montagnes et les denses jungles où les communications et les moyens de subsistance étaient extrêmement difficile et les maladies étaient répandues. Nous étions ainsi coupés de tout progrès, de la civilisation et du reste du monde, et peu à peu nous étions réduits à l’état de tribus de montagnards arriérés. Les autres Karens sont devenus esclaves, obligés de faire des travaux forcés et traités cruellement.

Quand les Britanniques ont occupé la Birmanie, les conditions de vie des Karens se sont améliorées peu à peu. Grâce à l’introduction du droit et de l’ordre par l’autorité coloniale, les Karens ont commencé à gagner de quoi vivre sans empêchement, et nous avons pu aller à l’école pour être éduqués. Ceci rendait furieux les Birmans - de voir les Karens, qu’ils méprisaient, être traités sur un pied d’égalité par les Britanniques. Le progrès du peuple karen était rapide dans presque tous les domaines, et au début du XX siècle ils étaient en avance sur les autres ethnies à beaucoup d’égards, surtout dans l’éducation, l’athlétisme et la musique. On peut dire que les Karens ont eu une période de respiration sous le régime britannique.

En 1942, les Japonais ont envahi la Birmanie, aidé par l’Armée de l’Indépendance de la Birmanie (la BIA) qui les a amenés dans le pays. Les troupes de la BIA ont profité pleinement de la situation en prétextant que les Karens étaient des espions et des marionnettes des Britanniques, et donc étaient des ennemis des Japonais et des Birmans. Aidés par les Japonais ils ont commencé à attaquer les villages karens, avec pour but d’effacer toute la population karen ; ce qui ressemblait au programme de génocide poursuivi par les nazis contre les juifs. Dans beaucoup de districts on a arrêté, torturé et tué des Karens. Nos femmes étaient violées et tuées, nos biens confisqués, nos maisons brûlées. Notre situation était tellement insupportable que nous nous sommes défendus avec suffisamment de férocité pour que le gouvernement japonais y prête attention, qu’il serve de médiateur et qu’il contrôle quelque peu la situation.

 

• La Période Après la 2ème Guerre Mondiale

Demande d’un Etat Karen, des Tensions et des Conflits Armés

L’expérience amère des Karens en Birmanie à travers notre histoire, et surtout pendant la 2ème Guerre Mondiale, nous a enseigné une leçon. Elle nous a fait comprendre qu’en tant que nation, si nous n’avons pas le contrôle de notre propre état, nous n’aurons jamais une existence paisible, libre de la persécution et de l’oppression. On ne nous permettra jamais de travailler dur pour nous développer et pour prospérer.

Peu de temps après la 2ème Guerre Mondiale, toutes les nations sous domination coloniale ressentaient des aspirations d’indépendance. Les Karens ont envoyé une Mission de Bonne Volonté en Angleterre en août 1946 pour informer le gouvernement et le peuple britannique du point de vue des Karens. Mais la réponse du gouvernement travailliste était « de nous ranger du coté de la Birmanie ». Nous avons profondément regretté cette décision, parce que - c’était prévisible et on peut le voir aujourd’hui - c’était un geste totalement contraire à notre droit d’autodétermination et il nous condamnait à une continuation de l’oppression. C’est très difficile pour les Karens et les Birmans, deux peuples avec des points de vue, des attitudes, des mentalités fondamentalement opposés de travailler ensemble.

Cependant les différences de nature et de mentalité ne sont pas la raison principale que nous refusons de nous mettre ensemble avec les Birmans. Il existe des raisons plus importantes pour que nous insistions sur notre propre état au sein d’une vraie Union Fédérale.

Nous sommes conscients que la tactique d’anéantissement, d’absorption et d’assimilation pratiquée contre toutes les autres nationalités par les dirigeants birmans sera continuée par le Birman à l’avenir aussi longtemps qu’il dispose du pouvoir. Nous nous rappelons qu’aux accords d’indépendance d’après-guerre, Aung San - Atlee et Nu - Atlee, il n’y avait aucun représentant karen ni dans l’une ni dans l’autre des délégations, et on n’a nulle part cherché le point de vue karen. Le plus que les Birmans nous permettaient c’était un pseudo-état karen entièrement dominé par les Birmans. Dans ce genre d’état karen, nous devons vivre dans une peur permanente de leurs abus cruels et de leurs pouvoirs sur nous. Le 4 janvier 1948, les Britanniques ont donné à la Birmanie son indépendance. Les Karens ont continué à demander au gouvernement birman, sans violence et par voie démocratique, leur autodétermination. L’état karen que l’on demandait comprenait la division d’Irrawaddy, le district d’Insein, et la sous-division de Nyaunglebin, des régions où se trouvait la plupart de la population karen. Mais au lieu de chercher un compromis, le gouvernement et la presse birmanes ont agité le peuple birman afin de créer des affrontements entre eux et les Karens. Ils prétendaient aussi que ce n’était pas l’ensemble des Karens qui voulait son propre état, mais seulement une poignée de laquais des Britanniques qui cherchait à torpiller l’Union de la Birmanie.

Afin de contrer ces accusations et de montrer au monde que c’était le désir du peuple karen dans son ensemble de posséder son propre état, une manifestation paisible des Karens de partout dans le pays a été organisée le 11 février 1948 où 400.000 personnes ont participé. Les pancartes portées par les manifestants affichaient quatre demandes :

 

-  Donnez-nous un état karen tout de suite.
-  Montrez au Birman un kyat, et au Karen un kyat.
-  Nous ne voulons pas des frictions communales.
-  Nous ne voulons pas de la guerre civile.

 

Les demandes exprimées lors de cette énorme manifestation étaient dans leur essence les trois slogans des colonies britanniques après la 2ème Guerre Mondiale : Liberté, Egalité, et Paix. Nous nous sommes conformés au processus démocratique et légal en formulant notre demande d’un état karen.

Quelques mois après l’indépendance de la Birmanie, une suite de désertions et de révoltes au sein de l’AFPFL a créé un grave problème pour U Nu, le Premier ministre. La révolte du Parti Communiste Drapeau Rouge en 1947, et puis du Parti Communiste de la Birmanie en mars 1948, de l’Organisation des Volontaires du Peuple en juin 1948, et les mutineries du 1er bataillon des Fusiliers Birmans cantonnés à Thayetmyo et du 3ème bataillon des Fusiliers à Mingladon, Rangoon, le 15 août 1948, ont incité U Nu à contacter les dirigeants karens pour leur demander de soutenir le gouvernement. Il leur chargeait de prendre en main la défense de Rangoon pour le sauver du péril. Les Karens n’ont pas cherché à profiter de cette situation, mais se sont pliés sans dispute aux demandes d’U Nu et l’ont aidé à sortir de l’impasse. Le KNDO (Organisation de Défense Nationale Karen), formellement reconnu par le gouvernement birman, a été placé à des points stratégiques et sur toutes les routes et voies qui menaient à Rangoon. Pendant des mois, le KNDO a fidèlement pris en charge la sécurité du capital.

Le KNDO s’est vu attribuer plusieurs tâches en formant un anneau extérieur de défense, principalement à Hlegu et à Twante. La plus importante était la prise de Twante, la clef fluviale aux villes du Delta et de la Haute Birmanie. Cette petite ville est tombée à plusieurs reprises aux mains communistes. Chaque fois elle a été reprise par les troupes régulières, pour retomber ensuite aux mains rebelles dès que son contrôle était confié une fois de plus à l’administration civile et la police. Finalement, une unité KNDO sous le commandement de Bo Toe et de Bo Aung Min a reçu l’ordre de reprendre Twante, encore une fois tenu par les communistes Drapeau Rouge. Ils ont réussi sans aucun soutien de l’armée régulière sauf l’approvisionnement en transport fluvial. Après avoir capturé la ville, ils l’ont protégé en conformité avec leurs ordres.

Les deux bataillons de Fusiliers Birmans en révolte marchaient vers le sud, sans rencontrer aucune opposition avant d’arriver au pont de Kyungale, près de la ville de Let-pa-dan où ils ont été stoppés par une unité de Karen UMP (Police Militaire de l’Union). Leur camion de munitions a été atteint de plein fouet par le tir des mortiers des Karen UMP et a sauté. Les mutinés se sont retirés après avoir subi de lourdes pertes.

Mais même au cours de ces événements, le gouvernement birman, dépourvu de toute reconnaissance, se précipitait à soulever une force armée dans le but de déclencher une offensive à outrance destinée à briser les Karens. Dès décembre 1948 on avait arrêté les dirigeants karens dans beaucoup de régions. On a désarmé et mis en prison les effectifs karens dans les forces armées de la Birmanie. Le Général Smith Dun, le commandant en chef de l’armée birmane a été contraint de démissionner. Beaucoup de villages karens ont été attaqués, les hommes fusillés, les femmes violées, les biens volés et les maisons brûlées. Le 30 janvier 1949, le gouvernement birman a déclaré illégal le KNDO. De bonne heure le matin du 31 janvier, les troupes birmanes ont attaqué le quartier-général du KNDO, situé dans une ville à 16 km au nord de là où habitaient la plupart des dirigeants karens. Les Karens n’avaient pas d’autre solution que de se défendre. On a donné l’ordre à tous les Karens, où qu’ils se trouvaient, de prendre ce qu’ils pouvaient trouver comme armes et de se battre pour leur vie, pour leur honneur, et pour Kawthoolei, leur état karen si longtemps rêvé.

Quand nous nous sommes soulevés, nous avons obtenu des grands succès et occupés beaucoup de villes. Mais peu après nous avons subi des revers militaires, puisque nous n’avions pas préparé une révolution et donc ne disposions pas de réserves d’armes et de munitions. Sur beaucoup de fronts nous nous trouvions contraints de battre en retraite, permettant ainsi aux troupes birmanes de réoccuper ces régions. Notre situation est devenue plus précaire à cause de l’appel fait par le gouvernement birman aux factions birmanes jusqu’alors en révolte de s’unir contre les Karens. Ces groupes birmans voyaient les Karens comme le plus grand obstacle à leur prise du pouvoir exclusif et ils ont donc fait cause commune avec le gouvernement birman pour se battre contre nous. Par conséquent, les Karens se trouvaient en lutte contre toutes les factions armées du pays.

 

• La Situation Actuelle [1992]

Les Karens sous des Régimes Birmans Successifs et les Régions Libérées

Sous la domination birmane, les Karens sont opprimés politiquement, économiquement et dans l’éducation. Les écoles et institutions karens ont été prises de force et on les a détruit dans beaucoup de cas. Nous ne sommes pas autorisés à étudier notre propre langue dans les écoles birmanes. Beaucoup de journaux et d’oeuvres littéraires karens ont été supprimés. Quant à l’économie, nos champs et nos parcelles de terre ont été confisquées et nationalisées. Maintenant nous devons travailler dur toute l’année et vendre notre production au gouvernement birman à des prix qui ont été fixés par eux de façon à nous laisser peu de choses. Et quant à notre vie culturelle, ils ont essayé de faire disparaître notre langue, notre littérature, nos traditions et nos coutumes. On nous a interdit des droits politiques. Sur le plan militaire, notre peuple a été systématiquement exterminé, politique faisant partie d’un dessein birman d’anéantissement, d’absorption et d’assimilation. Notre niveau d’éducation et notre niveau de vie ont chuté, pour tomber loin derrière les Birmans à tous égards. Leur acharnement et leurs actions contre nous sont aussi fort, ou même plus fort, de nos jours que de par le passé.

Depuis les années 60, leur plan d’attaque s’appelle « l’Opération des Quatre Coupes ». Par cela entendre : couper nos provisions, couper le contact entre le peuple et les membres de la Karen National Union, couper nos ressources financières, et finalement trancher les têtes des membres de la KNU. Pour s’assurer du succès de l’Opération des Quatre Coupes, les troupes birmanes ont recours à des mesures extrêmes. Ils détruisent les champs cultivés par les villageois et ils mangent leurs récoltes et leur bétail. Ils emportent les choses dont ils ont envie, et ce qu’ils ne peuvent emporter ils le détruisent. Les soldats birmans prennent comme prisonniers les villageois, femmes et adolescents compris, pour les obliger à transporter des lourdes charges. Beaucoup de villageois ont été forcés de travailler comme porteurs pendant plusieurs mois de suite. Ils sont délibérément privés de nourriture, régulièrement battus, violés ou assassinés. Quand les soldats birmans entrent dans un village, ils tirent sur les habitants qui essayent de s’évader. Et puis des personnes sont accusées d’aider la KNU et sont tuées. Dans certains districts les habitants ont été forcés à abandonner leurs villages et ont été déplacés dans des camps à quelque distance. Ils ne peuvent sortir de ces camps sans la permission des gardiens birmans. Les villageois qui restent chez eux sont abattus sans formalité par les soldats birmans.

Des circonstances telles que ci-dessus énumérées, et parfois pire, se produisent incessamment et font que beaucoup de Karens et de Shans qui habitent Kawthoolei quittent leurs villages pour se réfugier le long de la frontière thaï, une situation difficile pour nous car nous n’avons pas assez d’argent pour subvenir aux besoins de ces réfugiés. Malgré ces difficultés, nous sommes décidés à faire des progrès. Bien qu’il n’y ait pas de fin en vue à cette guerre, et que nous ne pouvons obtenir l’assistance d’autres pays, nous avançons autant qu’il peut se faire.

Au cours de ces quarante-trois années d’une guerre longue et pénible, nous avons vu beaucoup de développement dans notre révolution. La ferme résolution de nos combattants et de notre peuple de se battre pour gagner s’est accrue. Nous avons supporté les épreuves physiques et morales. Notre force s’est augmentée, et pas uniquement en effectif. Nombreux sont ceux dans nos régions occupées qui se sont ralliés à la Révolution. Beaucoup de Karens diplômés nous ont rejoints, et ont ainsi enrichi la qualité de notre révolution. Des villageois partout à travers Kawthoolei sont actifs dans des rôles de soutien, pendant que la morale, la discipline et les compétences militaires de nos forces armées se sont améliorées. Nous avons commencé à infliger des revers plus importants dans nos engagements avec l’ennemi.

La Birmanie est un pays multinational, habité aussi par les Kachins, les Arakanais, les Karennis, les Lahus, les Môns, les Pa-os, les Palaungs, les Shans, les Was et cetera. Suite à l’indépendance, ces ethnies ont elles aussi été privées de leurs droits fondamentaux à la liberté, à l’autodétermination et à la démocratie. Ainsi presque toutes les autres nationalités ont pris les armes pour se battre contre le gouvernement birman pour leur autodétermination et sont maintenant unies au sein du Front Démocratique National. Il y a en tout neuf membres du Front Démocratique National (le NDF) :

 

-  le Parti pour la Libération de l’Arakan (ALP)

-  le Front National Chin (CNF)

-  l’Organisation de l’Indépendance Kachin (KIO)

-  l’Union Nationale Karen (KNU)

-  le Parti du Progrès National Karenni (KNPP)

-  le Parti Terre Nouvelle Kayan (KNLP)

-  l’Organisation National Lahu (LNO)

-  le Parti Nouveau de l’Etat Môn (NMSPP)

-  l’Organisation National Wa (WNO)

 

Le Front Démocratique National s’est donné le but de fonder une vraie Union Fédérale, comprenant tous les états des diverses nationalités de la Birmanie, y compris un état birman, basé sur la liberté, l’égalité et le progrès social. Il a pris la décision de se battre jusqu’à la victoire et a demandé aux personnes de toutes les classes et de tout horizon à s’unir pour lutter contre la dictature militaire Ne Win - Than Shwe.

En 1988, l’oppression du régime militaire de Ne Win était devenue si fortement ressentie que même le peuple birman s’est soulevé contre lui. La réponse du régime était de massacrer des milliers de manifestants paisibles, y compris des jeunes étudiants et des moines. Ne Win n’arrivait pas quand même à les maîtriser et était obligé de démissionner, en apparence transférant le pouvoir à ses successeurs désignés, le Conseil d’Etat pour la Restauration de la Loi et de l’Ordre (SLORC), mais en réalité il restait à l’arrière plan pour tirer les ficelles. Le SLORC a promis des élections pluripartites qui ont effectivement eu lieu en 1990, mais au lieu de confier le pouvoir aux vainqueurs ils les ont persécutés et emprisonnés. Des milliers d’étudiants birmans, des moines et d’autres dissidents ont fui vers les régions contrôlées par les organisations membres du NDF. Là ils étaient accueillis et abrités par les minorités ethniques, surtout par les Karens qui ont reçu pas moins de 6.000 étudiants et d’autres dissidents, tous voulant s’organiser pour lutter contre le SLORC. Dès la fin de 1988, pour faire face à une situation qui évoluait le KNU avait pris l’initiative en proposant au NDF qu’il forme un front politique plus large comprenant un nouveau groupe, birman.

 

• L’Union Nationale Karen (KNU)

Ses Buts, Sa Politique et Son Programme

Le deuxième congrès du KNU a eu lieu à Maw Ko, District de Nyaunglebin en juin et juillet 1956 où étaient présents les représentants de la Division du Delta, de la Division du Pegu Yomas et de la Division Orientale. Ce congrès a défini les buts politiques de la KNU qui sont toujours valables : La fondation d’un état karen qui aura le droit à l’autodétermination. La fondation d’Etats Nationaux pour toutes les nationalités, avec le droit à l’autodétermination de chacun. La fondation d’une vraie Union Fédérale où tous les états auront des droits égaux et le droit à l’autodétermination. Le KNU poursuivra une politique de Démocratie Nationale. Malgré les circonstances intérieures et extérieures, nous maintenons depuis 1950 notre état, Kawthoolei, administré par notre propre gouvernement, sous le drapeau du KNU et de l’Armée de Libération Nationale Karen, bien encadrée et disciplinée, qui étaient toutes les deux formées cette même année. Nous souhaitons Kawthoolei un état karen avec le droit à l’autodétermination. Nous essayons donc de fonder une vraie Union Fédérale, comprenant les états de toutes les nationalités de la Birmanie, y compris un état birman, sur une base de la Liberté, de l’Egalité, de l’Autodétermination et du Progrès Social.

Nous voulons que l’étendue de Kawthoolei corresponde aux régions où la population karen est majoritaire. Il sera administré selon la volonté du peuple et équitablement aux yeux du pays et du monde. La politique de l’Union Nationale Karen, c’est la Démocratie Nationale. Elle reconnaît pleinement et encourage la propriété privée, et accueille les investissements étrangers. Tous les habitants de Kawthoolei auront des droits démocratiques, politiques, économiques, sociaux et culturels. La liberté et l’égalité de toutes les religions sont garanties. Kawthoolei maintiendra des relations amicales avec tous les autres états et tous les autres pays sur la base du respect mutuel, de la paix et de la prospérité. Kawthoolei ne permettra jamais ni la culture ni le raffinement de l’opium ni la vente et le transport sur son territoire des drogues narcotiques.

Nos Croyances et Notre Détermination

Pour nous, l’indépendance que la Birmanie a obtenue en 1948 n’est qu’une domination de toutes les autres nationalités en Birmanie par les Birmans. La prise d’armes par presque toutes les nationalités contre le gouvernement birman au pouvoir est la preuve que, bien que la Birmanie ait obtenu son indépendance, ce n’est que le Birman qui en a profité et qu’il a subjugué les autres nationalités. Le State Law and Order Restoration Council (SLORC) dirigé par le Général Than Shwe ne résoudra jamais et ne peut jamais résoudre les conflits et les crises dans le pays.

La Révolution Karen est bien plus qu’une lutte pour la survie contre l’oppression nationale, l’assujettissement, l’exploitation et la domination du peuple karen par les dirigeants birmans. Il a pour but une vraie Union Fédérale comprenant tous les états des nationalités sur un pied d’égalité et d’autodétermination. Dans notre marche vers nos objectifs nous maintiendrons les quatre principes énoncés par notre chef bien-aimé, notre regretté Saw Ba U Gyi :

Pour nous, la reddition est hors de question.

La reconnaissance de l’état karen doit être réalisée.

Nous garderons nos armes.

Nous déciderons de notre propre destin politique.

Nous croyons fermement à la Charte des Nations Unies, à ses Déclarations sur les Droits de l’Homme, au principe de l’Autodétermination et des Droits Démocratiques des peuples - causes pour lesquelles nous nous battons.

La guerre peut durer longtemps, être dure et cruelle, mais nous sommes prêts à toute éventualité. Il vaut mieux mourir au combat que de vivre en esclavage. Mais nous croyons sincèrement que nous survivrons et que nous serons victorieux, car notre cause est juste et vertueuse, et sûrement une tyrannie aussi méprisée que le régime birman doit tomber un jour.

 

 

Les Karen indésirables en Birmanie

RFI

4 Mai 2006

 

L’armée birmane a lancé le mois dernier sa plus vaste offensive militaire depuis des années. Brûlant champs et maisons, contraignant des millions de personnes à fuir, les militaires cherchent à déloger les Karen des montagnes où ils vivent. La raison de cet acharnement est la construction de la nouvelle capitale de la Birmanie, toujours en chantier, située à quelques centaines de kilomètres du pays karen.

Par conséquent, un grand nombre de réfugiés ont essayé de traverser la frontière thaïlandaise, malgré les mines que les militaires y ont posé pour empêcher les civils de s’enfuir. En quatre mois, près de 1 800 membres de l’ethnie Karen se sont réfugiés en Thaïlande. Ce pays accueille aujourd’hui plus de 120 000 réfugiés politiques birmans, et les experts craignent que leur nombre atteigne le demi-million en peu de temps.

Si le nom d’Aung San Suu Kyi est régulièrement évoqué pour illustrer l’opposition au régime militaire de Rangoon, on oublie généralement de signaler le combat que mène le peuple Karen dans l’Est de la Birmanie. Le monde a découvert leur tragédie en 1988, lorsque les Birmans se sont révoltés contre la junte militaire du général Ne Win, qui dirigeait le pays d’une main de fer depuis 1962. A l’issue de la bataille «de la colline du chien dormant» qui a coûté la vie à 3 000 combattants, les Karen sont entrés dans l’histoire de la Birmanie moderne. Mais à quel prix ! Pourchassés par l’armée birmane, bien entraînée et bien équipée, ce peuple, qui a sa propre histoire, a été soumis depuis à un véritable nettoyage ethnique.

On ne sait plus combien ils sont. Dans les années 40, un recensement avait établi qu’ils étaient 5 millions. Actuellement ils sont moins nombreux car depuis un demi siècle ils résistent et les affrontements avec l’armée birmane ont décimé leurs rangs. De toutes les guérillas combattantes de la Birmanie, ce sont les plus tenaces et les moins disposés au compromis. Grâce à une rigueur morale  sans égale dans l’histoire des guérillas, les Karen ont évité les tentations classiques qui menacent les groupes rebelles notamment le terrorisme et l’opium.

Aujourd’hui, environ un million de Karen vivent le long de la frontière thaïlandaise. La moitié d’entre eux sont des réfugiés venant de l’intérieur. Mais ils doivent aussi fuir continuellement car leurs villages sont régulièrement brûlés par l’armée birmane. Des mines sont posées sur leurs champs de riz et on les abats comme des lapins.

L’offensive actuelle est si meurtrière que l’Union nationale Karen a appelé à un cessez-le-feu. Le Haut commissariat pour les réfugiés des Nations Unies a également lancé un appel pour que l’offensive militaire cesse. Enfin, l’organisation de défense des droits de l’Homme Human Rights Watch, a demandé aux Nations Unies de protéger les minorités ethniques birmanes. Tous craignent que le peuple Karen soit menacé d’extermination.

par Any  Bourrier

 

 

Birmanie : Empêchée de travailler, la section française de MSF quitte le pays

www.msf.fr

30 Mars 2006

 

La section française de Médecins Sans Frontières a mis un terme à ses activités médicales au Myanmar. Un point sur les raisons de ce départ avec Hervé Isambert, médecin et responsable de ce programme.

» EN QUOI CONSISTAIT NOTRE PROGRAMME ?

Depuis 2001, nous avons mis en place des activités médicales dans les Etats Mon et Karen, avec une attention particulière pour la prise en charge du paludisme. Nous voulions travailler dans ces régions en proie à un conflit entre l'armée birmane et les groupes rebelles, parce que, de notre point de vue d'organisation humanitaire, c'est là que vivent des populations particulièrement exposées à des violences et privées d'accès aux soins. Dans ces régions, le paludisme est l'une des principales causes de mortalité.

» POURQUOI AVONS-NOUS DÉCIDÉ DE METTRE UN TERME À NOS ACTIVITÉS EN BIRMANIE ?

Parce que nous nous sommes rendus à l'évidence : les autorités birmanes ne veulent pas d'organisations étrangères et indépendantes auprès de populations qu'elles veulent contrôler. Elles ne veulent pas de témoins gênants, notamment lorsqu'elles organisent des déplacements forcés de populations, des incendies de villages, des opérations de recrutement forcé, etc. En 2001, nous avons cru qu'il y avait une forme d'assouplissement du régime. De fait, jusqu'en 2004, nous avons eu accès à ces régions et pu travailler dans des conditions acceptables. Mais, dès 2004, la reprise en main du gouvernement par la tendance dure du régime s'est traduite par une radicalisation vis-à-vis des rébellions et, par voie de conséquence, vis-à-vis des humanitaires travaillant dans des régions où elles sont actives.

Force est aujourd'hui de reconnaître que nous avons été crédules en pensant qu'il existait là un espace de travail pour une organisation humanitaire. Le constat que nous faisons est que l'aide en faveur des populations vivant dans ces zones de conflit n'est pas possible aux conditions qu'exige une action humanitaire indépendante : nos équipes n'étaient pas libres de leurs mouvements, les contacts avec les personnes qu'elles voulaient secourir étaient de plus en plus rares, les activités de terrain ne pouvaient plus être suivies correctement, etc.

» COMMENT CELA S'EST-IL TRADUIT CONCRÈTEMENT ?

Par une réduction progressive des possibilités de travailler et de nous rendre sur le terrain. Les autorités locales nous ont d'abord interdit de nous déplacer à l'intérieur même de ces zones. En octobre 2004, l'autorisation que l'on venait d'obtenir pour travailler dans le district de Ye, l'un les plus touchés par le paludisme dans l'Etat Mon, a été brusquement invalidée. Entre novembre 2004 et février 2005, pratiquement toutes nos activités dans l'Etat Karen ont été empêchées. A la fin, il devenait même impossible d'échanger des données médicales sur certaines situations épidémiques avec les autorités sanitaires locales tant celles-ci subissent la pression des militaires qui interdisent la diffusion de toute information. Les mesures se sont encore durcies par la suite, au milieu de l'année 2005, lorsque le ministère a imposé des procédures plus lourdes, tant pour la délivrance des visas - dont les délais étaient de plus en plus longs - que pour les autorisations de déplacements des expatriés entre la capitale et ces états frontaliers. L'espace s'est peu à peu réduit jusqu'à disparaître complètement. Il va sans dire que ce sont les populations qui paient les conséquences du durcissement du régime.

» QU'EN EST-IL DES AUTRES SECTIONS (SUISSE ET HOLLANDAISE) DE MSF ET DES AUTRES ORGANISATIONS D'AIDE ?

Les autres sections de Médecins Sans Frontières aussi font face à de grandes difficultés d'accès dans tous les Etats où elles travaillent et se posent elles aussi la question de l'avenir de leurs projets. Pour ce qui est de Rangoon, les médecins birmans qui travaillent dans les programmes MSF de prise en charge du sida vivent une forme de harcèlement administratif. Malgré tout, nos collègues estiment qu'il est encore possible d'apporter des soins de qualité à leurs patients sans se compromettre avec la junte.

Le CICR, pour sa part, a cessé en décembre ses activités en faveur des prisonniers parce que les conditions posées (que ses équipes soient accompagnées d'un représentant d'une organisation birmane para-gouvernementale) était devenues inacceptables... Nous ne sommes donc pas les premiers à faire ce constat.

Pour les organisations humanitaires, toute la question est de savoir à quel moment leur rôle se réduit à celui de sous-traitants techniques des autorités birmanes, soumises à leur agenda politique et non plus guidées par les objectifs qu'elles se sont elles-mêmes fixés. En ce qui concerne la section française de MSF, nous estimons que cette limite a été franchie. C'est avec une grande amertume que nous avons dû nous résoudre à quitter le pays.

 

 

Assister les populations civiles en Birmanie : un dilemme humanitaire

http://fr.bluewin.ch/infos/index.php/blocnotes/linvite/6851

18.05.2005

Notre invité Bruno Jochum est responsable de programmes pour MSF Suisse.

 

[Bruno Jochum] -  Samedi 7 mai dernier, trois bombes ont explosé à Yangon, dans des centres commerciaux de la capitale birmane, faisant officiellement plus d'une dizaine de morts et autour de deux cents blessés. Comme de coutume et bien que chacun privilégie les divisions internes au régime comme explication la plus plausible, la junte militaire dirigée par le général Than Shwe a immédiatement accusé les factions rebelles actives le long de la frontière thaïe, dans les Etats Shan, Karenni (Kayah) et Karen, d'être à l'origine de l'attentat.

Dans la foulée, les mouvements des expatriés des ONGs ont été encore plus strictement limités que d'habitude, pour un temps indéterminé.

Alors posons la question d'emblée : une organisation humanitaire indépendante peut-elle réellement travailler auprès des populations civiles en Birmanie, certes l'un des pays les plus pauvres du monde, connaissant une situation de guerre civile à ses frontières mais aussi l'un des régimes militaires les plus fermés et les plus répressifs actuellement en place ?

Pendant de nombreuses années, depuis les années 70, la réponse était entendue : c'était non. Car la junte ne l'autorisait pas et la seule possibilité était finalement d'assister les réfugiés, souvent des minorités opprimées dans le cadre d'un conflit civil, dans les pays d'accueil frontaliers, à savoir le Bangladesh et la Thaïlande.

Et pourtant, la vulnérabilité sans équivoque des minorités ethniques vivant dans les zones de combat encore actives, cumulée avec le délabrement complet d'un système public de santé largement déserté par la majorité silencieuse des vulnérables qui ne peuvent s'y payer les soins, justifiaient et justifient toujours pleinement l'intervention d'organisations humanitaires sur le territoire birman. Entre représailles de l'armée contre les villageois, déplacements forcés de civils ou prélèvements en nature des soldats ou des factions, ce sont des territoires entiers le long de la frontière qui ont été progressivement vidés de leur population, celle-ci ayant le choix entre le refuge en Thaïlande ou la relocalisation dans des sites sous contrôle de l'armée. Cette situation, avec des phases d'intensité variables dans le temps, perdure jusqu'à aujourd'hui.

Trente ans plus tard, alors que Médecins sans Frontières travaille à l'intérieur même de la Birmanie depuis les années 90, quelle réponse peut-on apporter à la question initiale ? En travaillant sous le regard constant des autorités et dans les endroits qu'elles ont acceptés à l'avance, parvenons-nous à véritablement aider la population ? Avons-nous vraiment accès aux plus vulnérables ? La réalité du drame souffert et la réflexion du leader de l'opposition, Mme Aung Suu Kyi, qui a parfois mis en question le bien-fondé d'une assistance humanitaire internationale sous ce régime soumis à sanction internationale, nous impose d'être particulièrement vigilants sur les conditions de nos interventions et leurs limites.

D'un coté, MSF Suisse apporte dans la province birmane du Thaninthyari, un accès aux soins contre les principales maladies infectieuses (malaria, sida, tuberculose) à des dizaines de milliers de patients qui autrement ne pourraient y accéder. Cette assistance médicale bénéficie directement à la population sans interférence des autorités, en toute indépendance et son impact est indiscutable. En 2004, après de longues négociations, MSF Suisse a pu ouvrir officiellement la première clinique de traitement du sida avec usage d'anti-rétroviraux dans le pays, et également pu ouvrir un projet dans le Kayah State auparavant fermé à toute présence étrangère permanente pendant des dizaines d'années. A force de patience, l'espace humanitaire a été élargi et cette dynamique entretient l'espoir.

D'un autre côté, entre " zones brunes " interdites à tout personnel humanitaire étranger et " zones noires " interdites à tout civil non autorisé, l'accès aux territoires frontaliers où se concentrent le conflit civil et les populations les plus en besoin d'assistance, est sévèrement restreint quand il n'est pas tout simplement refusé. Et à ce jour, nous ne pouvons ni ne devons maintenir l'illusion que les humanitaires peuvent venir en aide aux familles qui vivent le plus fortement la pression et les conséquences dans la vie quotidienne de la guerre entre l'armée birmane et les multiples factions qui combattent. Si d'aventure notre accès s'améliore, c'est souvent parce que l'armée a réussi à stabiliser l'endroit qu'elle nous autorise finalement à y pénétrer.

On ne peut donc formuler qu'une réponse mitigée, forçant nos équipes sur le terrain à vivre constamment ce dilemme et à mettre en balance l'impact réel pour nos patients actuels avec l'exigence éthique de parler de ces populations inaccessibles en zone " noire ", dont les seuls témoignages nous sont transmis indirectement par le biais des organisations réfugiées en Thaïlande.

Alors que la fragilité du régime apparaît plus évidente que dans le passé, que la tentation de réduire l'espace des humanitaires pourrait gagner en importance dans les prochains temps, espérons que l'accès direct aux patients ne sera pas remis en cause, auquel cas nous serions placés devant la nécessité de reconnaître notre impuissance et l'absence d'espace de travail. A présent, il faut continuer au quotidien à soigner les patients qui chaque jour viennent consulter et consolider les activités qui nous invitent à rester en Birmanie.

 

 

Arme chimique : la Birmanie en accusation - L'armée birmane aurait utilisé des gaz contre la guérilla karen.
Par Solenn HONORINE
mercredi 27 avril 2005 (Liberation - 06:00)

Avant de s'effondrer en vomissant leur sang, les soldats karen, une ethnie chrétienne de Birmanie, ont d'abord vu une épaisse fumée jaunâtre, puis senti une odeur âcre qui les a pris à la gorge. «Et ce ne sont pas des bleus. Ce sont des soldats expérimentés, endurcis, dont la plupart combattent au sein de la résistance karen depuis quinze à vingt-cinq ans», souligne le docteur Martin Panter, directeur de l'ONG londonienne Christian Solidarity Worldwide (CSW). Selon cette organisation, qui a conduit une étude clinique sur cinq soldats de la résistance karen, l'armée birmane aurait utilisé une arme chimique lors d'un accrochage le 15 février, à une dizaine de kilomètres de la ville thaïe de Mae Hong Son : un mélange contenant, entre autres, gaz moutarde et sarin, selon l'estimation de CSW. La junte au pouvoir à Rangoon affirme que la Birmanie ne possède pas la technologie nécessaire pour fabriquer de tels produits.

Ce n'est pas la première fois que la Birmanie, signataire du traité sur les armes chimiques (traité jamais ratifié), fait l'objet de telles accusations. Mais l'utilisation de ces armes reste très difficile à prouver matériellement, surtout dans le cas d'un gaz, évidemment volatil. De plus, les conflits ethniques dans le pays se déroulent dans une dense jungle tropicale qui, selon certaines sources militaires, peut rendre difficile l'utilisation d'un gaz chimique.

Cette accusation va compliquer la tâche de la diplomatie birmane face à l'Europe et aux Etats-Unis qui s'opposent à son accession à la présidence de l'Association des nations d'Asie du Sud-Est tant qu'aucun progrès notable n'aura été constaté en matière de respect des droits de l'homme. Les conflits ethniques déchirent le pays, dont un quart de la population appartient à l'une des ethnies minoritaires. Les Karen sont en guerre ouverte depuis l'indépendance du pays, il y a cinquante-sept ans. Malgré un accord verbal de cessez-le-feu, au début de l'année dernière, les accrochages continuent. Certains signes indiquent un durcissement de la répression. D'ailleurs, «c'est toujours durant la saison sèche que l'armée birmane lance ses principales offensives», explique Aung Lwin Oo, journaliste birman.

 

 

Revue de presse Asie

25/03/2005

http://www.rfi.fr/actufr/articles/063/revue_35038.asp

Asia Times revient sur le conflit Karen en Birmanie. Un des plus vieux conflit d’Asie et un de ses moins connus, écrit-il, pourrait arriver à son terme. Le 6 janvier, la junte militaire birmane a lancé une attaque sur Nya Moe, le dernier bastion de l’armée karen, à la lisière de la Thaïlande. Ce n’est pas la première du genre. Les dirigeants Karen combattent l’armée birmane depuis presque cinquante ans. Mais il s’agit cette fois de l’offensive la plus soutenue.

Selon un général, le dispositif de la junte, mis en place à partir de décembre dernier, inclut une route fraîchement construite à travers les lointaines collines de l’état Karen, afin d’acheminer de l’artillerie lourde. Depuis janvier, les attaques d’artillerie ont lieu presque quotidiennement.

Un compte à rebours est engagé, selon Asia Times. En effet, la junte  veut avoir achevé la rédaction d’une nouvelle constitution avant 2006, date à la quelle la Birmanie doit prendre la présidence de l’ASEAN, l’Association des nations du Sud-Est asiatique.

La junte semble aujourd’hui désireuse de mettre un terme à un conflit parmi les plus vieux d’Asie. Le 27 mars est le jour de l’armée en Birmanie. Un dirigeant karen croit que la junte veut en finir avec le bastion des karens. « Les soldats karen et leurs familles, cachées dans la jungle ou les camps de réfugiés des environs, espèrent que ce jour n’arrivera pas ».

 

 

«Je n'ai rien dû inventer»

http://www.dhnet.be/index.phtml?content=http://www.dhnet.be/dhculture/article.phtml?id=118133

24/03/2005

Dans son roman, le journaliste Thierry Falise raconte l'histoire des enfants soldats en Birmanie

BRUXELLES Le nom de Thierry Falise a fait la une de l'actualité en juin 2003. A l'époque, alors qu'il réalisait un reportage au Laos sur l'ethnie Hmong, il est arrêté et condamné à 15 ans de prison avec son collègue Vincent Reynaud. Grâce à d'intenses efforts diplomatiques, les deux hommes ont rapidement recouvré la liberté.

Mais ce n'est pas pour narrer son aventure que le journaliste belge expatrié depuis près de 20 ans en Asie du Sud-Est s'est lancé dans l'écriture d'un roman. «A l'époque, j'ai eu des contacts pour raconter cette histoire, mais je n'avais pas envie de tirer sur la ficelle. J'ai écrit des articles et je pensais que ça suffisait. Ce qu'on a vécu n'a rien de comparable avec ce que des collègues ont vécu au Liban ou vivent encore aujourd'hui en Irak», indique d'emblée Thierry Falise.

Le roman qu'il publie aujourd'hui concerne une autre partie de sa vie. Un autre pays. «J'avais commencé à écrire cette histoire en 2001 et puis j'avais laissé ça de côté. En revenant du Laos, j'ai envoyé les deux premiers chapitres chez l'éditeur qui a eu un véritable coup de coeur», poursuit le journaliste qui a choisi la fiction pour raconter l'histoire de la communauté Karen et plus particulièrement celle des deux jumeaux généraux dont la photo a fait le tour du monde à l'époque. «Je n'ai rien dû inventer. Je n'ai eu qu'à me baisser. Mais le documentaire pur, ça limitait. Le roman me laisse plus de libertés.»

Car le thème, faut-il le préciser, n'est pas des plus faciles. «La junte birmane est sans doute l'une des dictatures les plus agressives et les plus violentes. Il ne doit y avoir que la Corée du Nord qui est pire. L'armée birmane, forte de 400.000 hommes, procède depuis plus de 20 ans à un nettoyage ethnique systématique des populations pour construire des infrastructures. Les ethnies vivent dans un véritable climat de terreur», raconte Thierry Falise.

Son roman, même s'il fait mention du sabotage d'un gazoduc que l'on devine appartenir à Total, n'a pas pour but de dénoncer mais plutôt de simplement donner à voir une réalité dure, cruelle mais aussi par moments émouvante. «Il y a différents degrés de lecture. C'est une histoire d'enfants, elle peut être lue par de jeunes adolescents. Mais elle s'adresse aussi à ceux qui connaissent la situation en Birmanie.» Un roman qui est un véritable voyage.

Thierry Falise: Les petits généraux de Yadana, Editions Anne Carrière.

Michaël Kaibeck

 

 

Birmanie: un étudiant tué par une bombe dans le Sud-Est

http://www.edicom.ch/news/international/041225060133.sa.shtml

25 décembre 2004 

 

RANGOON - Un étudiant âgé de 21 ans a péri dans l'explosion d'une bombe vendredi à Pha-An, dans l'Etat de Karen frontalier de la Thaïlande, dans le sud-est de la Birmanie. L'engin était dissimulé dans un lecteur de cassettes abandonné sur le toit d'une voiture.
L'engin a explosé lorsque le jeune homme a mis en marche l'appareil par pure curiosité, a indiqué le journal gouvernemental «Myanma Ahlin». Trois autres étudiants ont également été blessés dans la déflagration.
Mardi, un employé de restaurant de Rangoon avait trouvé la mort dans un premier attentat à la bombe. Deux hommes qui ont été aperçus en train déposer un colis suspect dans l'établissement peu avant l'explosion sont activement recherchés par la police.
La junte militaire au pouvoir dans l'ancienne Birmanie depuis 1962 a attribué les précécents attentats à des «éléments destructifs» - expression souvent utilisée par les généraux pour désigner les opposants politiques et les groupes ethniques qui se battent pour l'autonomie.
© ATS

 

 

Birmanie : nouvelles preuves de travail forcé à l'approche de la réunion au sommet de l'OIT

http://www.hns-info.net/article.php3?id_article=5056

Bruxelles, le 15 novembre 2004 (CISL En Ligne)


Alors que l'Organe directeur du Bureau international du travail (BIT) se prépare à examiner la situation de la Birmanie la semaine prochaine, la Confédération internationale des syndicats libres (CISL) a divulgué de nouvelles preuves de recours au travail forcé dans diverses régions du pays. Pour la quatrième fois depuis juin dernier, la CISL a fourni des exemples concrets et variés de travail forcé ; depuis la construction de ponts et chaussées jusqu'à la construction et l'entretien de camps militaires, en passant par les fournitures et munitions militaires et le travail agricole. Cette liste est loin d'être exhaustive. La lettre de quatre pages adressée au BIT par la CISL inclut des dizaines d'exemples mettant en cause les Etats de Karen, Arakan et Chin, ainsi que plusieurs divisions territoriales comme Pegu, Tennasserim et Sagaing, entre autres. Certains des cas repris dans le rapport remontent à pas plus tard que mi-octobre 2004. Les informations de la CISL s'appuient sur des renseignements recueillis par la fédération syndicale birmane FTUB, organisation de travailleurs clandestine active en territoire birman qui maintient des bureaux et des structures de formation dans les pays limitrophes. Des peines de mort ont été prononcées contre trois dirigeants et militants de la FTUB il y a un an lorsque les autorités ont découvert qu'ils avaient fourni des renseignements à l'OIT concernant le recours au travail forcé dans le pays. Bien que leurs peines aient, par la suite, été réduites à des peines de prison, les trois militants restent actuellement sous les verrous.

Leur cause figurera au centre des discussions de l'OIT la semaine prochaine.

Le rapport de la CISL identifie par leur nom plusieurs officiers de l'armée birmane accusés d'avoir eu recours au travail forcé . C'est notamment le cas d'un certain Colonel Soe Thet, du 4ème Centre de commandement stratégique de la division de Tenasserim. Ce dernier aurait réquisitionné près de 300 personnes dans une dizaine de villages pour la construction d'une chaussée. Le contrat pour la construction de cette route avait été accordé à une firme thaïlandaise ; la CISL mène actuellement une enquête sur cette affaire en coopération avec la Fédération internationale des travailleurs du bâtiment et du bois (FITBB), basée à Genève.

 

Le rapport cite les noms de pas moins de 12 officiers de l'armée à la tête de bataillons d'infanterie dans six différents Etats. Parmi ceux-ci figure le commandant Win Oo du 39ème Bataillon d'infanterie ; celui-ci aurait ordonné la détention de quatre femmes et de leurs enfants en mai dernier dans la région de Bawgali (division de Pegu, dans le centre du pays) lorsque ses soldats n'ont pas réussi à réquisitionner des villageois pour l'acheminement de matériel militaire. Les femmes et les enfants ont été détenus au poste de police local et n'ont été relâchés que le lendemain, après que neuf des hommes du village sont sortis de leur cachette pour se rendre aux forces de l'ordre. Les hommes en question ont, par la suite, été contraints par la force d'acheminer du matériel militaire lourd à bout de bras jusqu'au campement militaire de Koh Day.

 

D'après la CISL, le recours continu et flagrant au travail forcé justifie pleinement le durcissement des mesures adoptées par l'OIT à l'encontre de la Birmanie en juin 2000. La CISL a en outre laissé entendre qu'elle demanderait instamment à l'Organe directeur de l'OIT de faire pression sur la junte militaire birmane pour que celle-ci autorise l'expansion des activités de surveillance de l'OIT en Birmanie. Le Bureau de liaison du BIT à Rangoon a reçu des dizaines de plaintes de citoyens affirmant avoir été les victimes de travail forcé. Bien que le gouvernement continue à démentir systématiquement ces griefs, d'après la CISL, la population se trouve encouragée par la présence de l'OIT dans le pays.

 

 

Vies brisées, vies reconstruites

http://www.rotary.belux.org/contact/rc257/ri3_fr.shtml

11/2004

 

Pour nombre de femmes thaïlandaises, faire commerce de son corps est un 'choix de carrière', un moyen d'entretenir son ménage, de payer l'école des enfants, ou encore de récolter de l'argent afin de lancer sa petite entreprise. Ceci dit, l'industrie du sexe ne se résume pas à un univers clinquant de bars et de clubs 'high class'…

En Thaïlande, la prostitution revêt de nombreuses facettes, les plus discrètes étant souvent les plus sordides. Dans les bordels de campagne et les sex shops aux portes dérobées, des filles 'à vendre' sont victimes de la traite des blanches. Travaillant dans des conditions déplorables, elles ne peuvent rentrer chez elles qu'après un nombre de passes minimum. Il n'est pas rare qu'elles doivent satisfaire une douzaine de clients sur une nuit.

C'est cette face cachée (et sinistre) de la prostitution que des ONG comme la Fondation 'New Life Center' tentent de combattre. Basée à Chiang Maï, une ville du nord du pays, l'organisation est active depuis 17 ans. Depuis cinq ans, elle est soutenue financièrement par des Rotary clubs et des districts de trois pays (Thaïlande, Japon et États-Unis) : 27.000 USD ont été versés jusqu'à présent, auxquels il faut ajouter 21.000 USD sous forme de subventions de la Fondation Rotary. Voici une liste à peu près exhaustive de ce que ces dons ont pu financer : cours de lecture et de bricolage (artisanat), dépenses scolaires diverses, soins de santé, nourriture, machines à coudre et tissu pour l'atelier de couture, construction d'une boulangerie…

Le New Life Center accueille une population dont l'industrie du sexe est friande : les minorités ethniques. Les filles qui échouent au centre n'ont pas choisi leur travail. Près d'un tiers d'entre elles ont été vendues comme esclaves du sexe (ou pour un autre travail, d'ailleurs), les autres courent le risque de finir de la sorte. Bien souvent, c'était ça ou mourir de faim. Le fait de faire partie d'une minorité ethnique les rend encore plus vulnérables, plus facilement exploitables.

Akha, Hmong, Karen, Lahu, Lisu et Yao. Des noms qui ne nous disent rien. Il s'agit des six principales ethnies minoritaires du nord de la Thaïlande, des tribus semi-nomades ayant émigré de Birmanie et du sud de la Chine (province de Yunnan) dès le 7ème siècle. Aujourd'hui, forcées de s'adapter à la vie moderne, elles rencontrent d'énormes difficultés. Ses membres ne parlent souvent que leur idiome, ce qui pose de gros problèmes lors de la recherche d'un emploi mais aussi pour l'obtention de la citoyenneté thaïe. Aujourd'hui, on estime que, en Thaïlande, un million de personnes vivent dans des tribus et que 400.000 d'entre elles n'ont toujours pas obtenu de carte d'identité. Réfugiées dans leur propre pays, victimes de discriminations, sous-payées voire exploitées, elles sont traitées comme des citoyens de seconde zone.

Les 55 filles résidant au centre ont souvent connu ces 'galères'. Mais ici, elles peuvent étudier, suivre des cours et développer d'autres talents professionnels que ceux pratiqués dans les tristes alcôves des bordels. L'objectif est de leur fournir des outils modernes sans toutefois les obliger à renoncer à leurs racines. En outre, le centre s'efforce de leur redonner confiance en soi, tant il est vrai que, sans une bonne opinion de soi-même, le risque de replonger est réel, même après avoir trouvé une porte de sortie. À cet égard, le fait que deux tiers des membres du personnel d'encadrement soient en fait d'anciennes résidentes est très important.

Grâce à l'action du Rotary notamment, les pensionnaires du New Life Center reçoivent des outils pour mieux affronter les défis de la vie moderne et pour pouvoir repartir à zéro. Sans être abusées ni exploitées.

Kathleen Pratt

 

 

revue de presse Asie - RFI

http://www.rfi.fr/actufr/articles/058/revue_31304.asp

25/10/2004

 

(...)Enfin, au Japon, le Asahi Shimbun confie une longue colonne à l'un des membres d'une Organisation Non Gouvernementale qui dénonce la situation politique en Birmanie. «Au lieu de lui fournir de l'aide, faites pression sur la Birmanie» écrit Ryuko Yamada, membre de l'ONG «Partageons les Larmes de l'Asie». Il y a trois mois, arguant que la situation politique s'était améliorée, le gouvernement japonais a décidé de renvoyer de l'aide humanitaire en Birmanie. «Cela signifie que les contribuables nippons participent à l'oppression des femmes et des petites filles, qu'ils le veuillent ou non», écrit cet homme qui dénonce les viols organisés, perpétrés par les militaires de la junte. «Il y a deux ans, écrit Ryuko Yamada, des femmes de la minorité éthnique Shan m'ont remis un rapport intitulé «licence de viol». On lisait l'histoire d'une fillette de 13 ans qui avait été brûlée vive après avoir été violée. Depuis, poursuit-il, j'ai reçu un rapport similaire des femmes de la minorité Karen, qui fait même état d'autres atrocités commises par les militaires à leur encontre». Ryuko Yamada conclut sobrement: «Au lieu de tendre la main à un gouvernement qui oppresse son peuple, le Japon devrait faire davantage pression sur le gouvernement militaire de la Birmanie».

 

 

Birmanie: la stratégie du viol

Semaine du jeudi 21 octobre 2004 - n°2085 - Monde
«Il n’y a pas de recours, pas de lois...»

Pour imposer leur politique de birmanisation, les généraux de Rangoon laissent leurs soldats violer, torturer en toute impunité les habitantes des zones d’insurrection

Ce camp de jungle adossé à la frontière thaïlandaise n’existe pas. Il ne figure sur aucune liste des bénéficiaires de l’aide humanitaire. Les dizaines de familles en guenilles terreuses qui y survivent non plus. Ce sont des IDP, des «personnes déplacées de force dans leur propre pays». Des membres des minorités ethniques déportées par leur armée, le Tatmadaw, qui exécute, viole, pille au nom d’une politique de suprématie raciale planifiée par la junte de Rangoon dans cette zone traditionnelle d’insurrection.
Cette «birmanisation» forcée d’un pays composé aux deux tiers de minorités ressemble fort à un génocide à petit feu. Dans les Etats Shan et Karen, des centaines de milliers de personnes, chassées de leurs villages pour couper tout contact avec les rebelles, croupissent dans des camps de concentration militaires. Les familles du camp de Mekloki sont des rescapées. C’est ici que l’on rencontre Naow Paow, une jeune activiste au visage diaphane de la Ligue des Femmes de Birmanie –un réseau clandestin fort de plusieurs milliers de militantes–, qui a révélé la première la nouvelle arme de guerre utilisée par Rangoon: le viol, encore appelé «thway hnaw sa nit» (mélange du sang pour la domination ethno-birmane). Dans sa «version douce», les femmes qui acceptent de se marier aux soldats sont dispensées de travail forcé.
Naow Paow a marché trois jours pour venir au rendez-vous. Elle a dû traverser des rivières en crue et dormir dans la jungle en évitant les patrouilles birmanes. Car elle vient de boucler une enquête dans un village tenu par les forces gouvernementales. Une nuit de septembre, des militaires ont débarqué dans un temple bouddhiste situé non loin de leur campement. Ils ont envahi en hurlant le dortoir des jeunes religieuses, ont déshabillé et tripoté six gamines âgées de 8 à 12ans qu’ils auraient violées s’il n’avaient pas été chassés par des centaines de villageois. «Elles sont maintenant sous protection des rebelles, dit Naow Paow, mais on les désigne par des pseudonymes, pour la sécurité des familles, on ne divulgue que les noms des mortes.»

 

En dépit de la «nature systématique et structurée de la violence sexuelle», les coupables, qui obéissent visiblement à une stratégie du commandement, ne sont jamais inquiétés. Et Rangoon balaie régulièrement ces accusations qualifiées d’«allégations mensongères inventées par les insurgés». Pourtant, les énormes cartons d’archives méticuleusement compilées sont bien là, dans le bureau de l’organisation féminine, coincé au fond d’une impasse, dans une bourgade de la frontière. Ils contiennent des centaines de dossiers complets et accablants, des cas détaillés d’esclavage sexuel «par rotations de vingt-quatre heures», de «viols collectifs, avec tortures, ouencore suivis d’exécution, mais aussi de viols de femmes enceintes, demineures et même d’une fillette de 5ans…» 40% des victimes ont fait l’objet de viols en série, et 30% d’entre ellesont été assassinées après les faits.
On ne rencontre les dirigeantes du réseau qu’après plusieurs rendez-vous avec des intermédiaires. Le dernier d’entre eux est une messagère de 7ans qui fait irruption à la tombée de la nuit, assise à l’arrière d’une moto-taxi. «Une militante a été kidnappée en plein jour par les gens du MI25 [les renseignements militaires birmans basés de l’autre côté de la frontière], on ne l’a jamais revue», explique une jeune femme en ouvrant la porte. «Tous ces crimes recensés ne représentent malheureusement que la partie visible de l’iceberg, confie Hseng Noung, une activiste de la première heure. Avec le viol, on entre dans le domaine d’un tabou culturel et social très ancré en Asie, surtout dans un pays tenu par une dictature militaire. Il n’y a pas de recours, pas de lois. La plupart des femmes préfèrent se taire.»
Déserteur d’un bataillon d’infanterie basé au front, dans l’Etat Karen, Soe Htay, lui, ne fait pas grand mystère des méthodes de ses anciens camarades: «Deux sous-officiers et un soldat ont repéré une gamine qui ramassait du bois à la sortie d’un village. Ils l’ont suivie et l’ont violée derrière un talus. Les sous-officiers l’ont fait à tour de rôle pendant que le troisième la touchait.» Tout en jurant qu’il n’a jamais participé à de telles violences, il explique que c’est monnaie courante. «On sait bien, dit-il, qu’on ne risque rien, même si l’on est surpris.» C. P.


Cyril Payen

 

Les enfants au service de la junte

20/10/2004

http://www.rfi.fr/actufr/articles/058/article_31204.asp

 

Sur 300 000 enfants soldats estimés dans le monde, 70 000 sont en Birmanie, enrôles de force par la junte militaire. Malgré les affirmations contraires de Rangoon son armée est le premier recruteur mondial d’enfants. Reportage.

 

 « J’ai été recruté de force à 11 ans, sur le quai d’une gare. Les soldats de l’armée birmane m’ont menacé de me frapper et de s’en prendre à ma famille si je ne les suivais pas. J’ai été embarqué dans un camion jusqu’à la base militaire. Le début de six années d’horreurs...», raconte Ming. Aujourd’hui, il a 17 ans. Il vient par miracle de s’enfuir de l’armée. Et vit caché dans une famille, quelque part au nord de la Thaïlande, en attente d’un pays d’accueil.

« Les enfants représentent 20% de l’effectif de l’armée » ont rapporté indignés, des enquêteurs de Human Rights Watch en 2003. Plus inquiétant encore, « ils constituent 40% des nouvelles recrues ! ». Des estimations qu’a bien sûr réfutées le représentant permanent de la Birmanie auprès des Nations unies à Genève, M. U Mya Than, les qualifiant de « tout à fait fantaisistes ». « Notre loi nous défend de recruter en dessous de l’âge de 18 ans. S’ils s’engagent avant, c’est qu’ils sont volontaires », déclarait-il en mai dernier. Hélas : enquêtes, organisations de protection des droits de l’homme, l’ONU... et les enfants soldats eux mêmes qui ont pu s’échapper témoignent du contraire.

Depuis 1988, la junte mène une lutte acharnée contre les minorités (surtout karen) suspectées de vouloir déstabiliser l’unité du pays. Résultat : son idéologie martèle qu’il ne peut exister une nation forte sans une armée forte, elle a quasiment doublé ses effectifs et « recrute toujours plus d’enfants afin de former sur le terrain les futurs cadres de son armée » déplore Nant Shah Paung, une jeune journaliste d’Irrawaddy - magazine créé en Thaïlande par des birmans en exil. Sur les quais de gare, à la sortie des écoles ou des cinémas, les enfants risquent leur vie : c’est ici que les soldats de la junte les recrute. En échange d’une récompense. « Quand le soldat m’a présenté à l’officier, il a empoché 150 kg de riz et 15 000 kyiats (18 dollars). De quoi nourrir sa famille pendant six mois. », se rappelle Ming lors de son arrivée à la base. « Sur les 400 soldats du 44e bataillon d’Infanterie où j’ai été enrôlé, nous étions 60 enfants !».

 

Battus à mort

 

Celui que l’on surnomme « Maung Myo », 16 ans, a également déserté l’armée birmane en janvier dernier. Pour la première fois, il accepte de se livrer à un « étranger ». « Après un an de travaux à la base, je suis parti six mois en camps d’entraînement à Mingaladon, près de Rangoon. J’avais 12 ans. On nous a appris à poser et à désamorcer des mines terrestres, à démonter et réparer des mortiers de 60 mm, à tirer avec précision jusqu’à 90 mètres... Nous étions brimés par les sous-officiers. Ils mettaient du sable dans notre riz alors que nous n’avions que çà à manger ! Le week-end, on s’échinait à couper du bois et à fendre des bambous pour leur domicile personnel. S’ils n’étaient pas satisfaits, ils nous frappaient à coups de bambous et de fer. Et nous attachaient en plein soleil. Beaucoup d’enfants ont eu les mains ou les jambes brisées. Mon ami Shan en est mort. Il avait 13 ans. Il n‘est pas le seul... ». Maung a les yeux humides. Son débardeur noir laisse découvrir ses épaules encore rondelettes. Sur son bras droit est tatoué un scorpion. « Dans mon bataillon, nous étions 47 enfants à avoir ce tatouage : le signe qu’on pouvait faire n‘importe quoi à n’importe qui, n’importe quand. » explique-t-il.

En effet, durant cinq années de combat, il a été contraint aux pires exactions. Et envers les siens, les Karen. « La junte voue une haine féroce aux Karen qu’ils surnomment les Teignes. Ils m’ont forcé à tuer et à violer des femmes de mon sang ! J’ai refusé. Les officiers ont alors placé tous mes amis près d’une mine. Ils ont exigé que je déclenche l’explosion. En une seconde, leur cervelle et leurs membres étaient éparpillés... On m’a obligé à nettoyer… ».

Maintenant, Maung est libre. Mais il a déserté et craint que la junte ne s’en prenne à sa famille. «Je ne peux pas revenir en Birmanie tant que la junte est au pouvoir. Je ne reverrai sans doute plus jamais mes parents et mes soeurs. Si je n’avais pas fui, peut- être qu’un jour j’aurais pu retourner dans ma famille… Finalement, je me demande si j’ai fait le bon choix...», arrive-t-il à regretter. La démobilisation étant impossible en raison de la dictature, ces enfants, enrôlés ou déserteurs, sont pris au piège.

Pauline Garaude

Article publié le 20/10/2004

 

 

Les réfugiés de la jungle

Dernière mise à jour le 20/10/2004 à 10:54 (heure de Paris)

L'Express du 30/08/2004


par Marc Epstein

Des centaines de milliers de personnes ont fui la Birmanie, chassées par la misère mais surtout par les exactions de la junte au pouvoir. Elles trouvent en Thaïlande un asile des plus précaires. Le photographe Jack Picone est allé à la rencontre de ces populations le long de la frontière entre les deux pays. Un regard tout de beauté et d'humanité.

Voilà deux ans et demi que Jack Picone, reporter photographe indépendant, arpente la frontière entre la Thaïlande et la Birmanie. Ses images font l'objet d'une exposition au festival Visa pour l'image, à Perpignan, entre le 28 août et le 12 septembre. Elles explorent cette zone particulière que constitue, toujours, une ligne de démarcation entre deux Etats: «Le thème m'a toujours fasciné, explique Picone. Je me souviens d'un chapitre, dans le livre de Ryszard Kapuscinski Imperium, où l'auteur évoque le tribut payé par l'humanité à la notion de frontières: "Combien de victimes ont perdu la vie au nom de leur défense? La plupart de ceux qui sont morts au combat ont sans doute été tués pour des raisons liées à l'existence des frontières."»

Celle qui sépare la Thaïlande et la Birmanie s'étend sur près de 2 000 kilomètres. En voiture, à pied ou à dos d'éléphant, Jack Picone l'a parcourue en totalité, depuis la jungle montagneuse du Triangle d'or, dans le nord, jusqu'au village de Ranong, dans le sud, au bord de la mer d'Andaman, lieu de passage traditionnel des trafiquants en tout genre. Ce sont surtout les réfugiés de Birmanie qui retiennent son regard: «J'ai couvert plusieurs conflits à travers le monde, en ex-Yougoslavie, en Afrique ou en ex-Union soviétique. A mon sens, toutefois, les médias n'évoquent pas assez les violations des droits de l'homme par la junte militaire birmane. La plupart des réfugiés que j'ai rencontrés dans la région frontalière n'ont pas choisi l'exil pour des raisons économiques: au péril de leur vie, ils ont fui les exactions du régime de Rangoun.»

Les journalistes ne sont pas les bienvenus en territoire birman. De nombreux reporters sont interdits de séjour: leur nom est inscrit sur une liste noire, et ceux qui peuvent se rendre sur place sont souvent empêchés de travailler. «Voilà pourquoi j'ai voulu longer la frontière, reprend Picone. Pour aller à la rencontre des victimes, là où je pouvais les voir et les écouter.» Hommes, femmes ou enfants, ils racontent les meurtres et les viols commis sous leurs yeux par les soldats de la junte.

Certains sont birmans au sens ethnique; d'autres sont issus des nombreuses communautés de la région - Karen, Shan, Akha, Lahu, Wa... Dépourvus de statut officiel en Thaïlande, ils vivent tant bien que mal de petits boulots dans les villages; quelques-uns travaillent comme ouvriers journaliers dans les champs et les rizières. D'autres, enfin, s'engagent dans des groupes armés de rebelles. Apatrides et souvent sans papiers, ils risquent à tout moment la déportation: les autorités de Bangkok en renvoient chaque mois des centaines, entassés sans ménagement à bord de camions à bestiaux. Quant aux Birmans qui osent dénoncer haut et fort la sauvagerie du régime militaire de Rangoun, au sein d'associations ou d'organisations non gouvernementales, «ils vivent dans la peur des représailles», selon Hina Jilani, représentante spéciale des Nations unies chargée des droits de l'homme.

«Prendre des photos est une activité terriblement envahissante, rappelle Jack Picone. J'ai toujours travaillé seul, en compagnie d'interprètes que je trouvais sur place. Il m'a fallu beaucoup de temps pour gagner la confiance des uns et des autres, et tenter de faire oublier ma présence et celle de l'appareil photo. Plus on travaille sur un sujet, plus il vient à vous, comme par osmose, avec toute sa complexité.» Outre leur beauté naturelle, c'est sans doute pour cela que ses images fascinent tant: Picone ne se contente pas de regarder; à travers ses photos, on le sent également à l'écoute. Afin de restituer l'humain, tout simplement.

 

 

Les Eglises d’Asie, démunies, luttent pour que vive "Radio Veritas"

http://www.zenit.org/french/visualizza.phtml?sid=50356

2004-03-09

CITE DU VATICAN, Mardi 9 mars 2004 (ZENIT.org) – Bien que financièrement démunies, les Eglises d’Asie s’engagent pour que vive Radio Veritas, annonce "Eglises d’Asie" (EDA, eglasie.mepasie.org), l’agence des missions étrangères de Paris (N°392).

Les fonds provenant de l’étranger, notamment d’Europe, pour financer Radio Veritas Asia s’amenuisant, les Eglises catholiques des Philippines et de Birmanie ont pris l’initiative de venir en aide à la station radio gérée par les évêques catholiques d’Asie. Créée par la Fédération de la Conférence épiscopale d’Asie (FABC), Radio Veritas Asia diffuse depuis ses studios installés à Quezon City, aux Philippines, des programmes dans toute l’Asie grâce à deux émetteurs ondes courtes.

Le P. Carlos Lariosa, SVD, directeur de la station, a déclaré le 10 février dernier que le coût de production pour chacun des dix-sept programmes s’élevait à "un peu plus" de deux millions de pesos (environ 29 000 euros), ce chiffre n’incluant pas les frais de transmission (1). Radio Veritas émet dans dix-sept langues.

Aux Philippines, la Fondation Radio Veritas a été enregistrée en 2000 auprès de la Commission financière et boursière des Philippines. Selon la coordinatrice de la Fondation, Susan Ravela, parce que le service philippin de Radio Veritas avait été initialement conçu pour soutenir et adapter le programme philippin destiné aux travailleurs philippins émigrés, la Fondation est tenue de garantir une "aide professionnelle, morale, spirituelle et financière" à la station. Dans une déclaration à la presse, le 5 février, Susan Ravela a déclaré que "la mauvaise situation économique des Philippines" avait affecté la collecte des fonds malgré les lettres de relance et une récente tombola, restées "sans grand résultat". Réagissant à cette situation, la Fondation a pris l’initiative de solliciter les aumôniers des travailleurs philippins de Hongkong, de Singapour, de Thaïlande et d’Asie centrale ainsi que de démarcher les principaux hommes d’affaires philippins. En dépit de ces efforts, le P. Franz Josef Eilers, secrétaire exécutif du Bureau des communications sociales de la FABC, organe de supervision de la station radio, constate que la Fondation est "tout juste capable d’assurer" les frais journaliers du seul programme philippin.

En janvier, le P. Eilers, de Rangoun, en Birmanie, a déclaré que la Conférence des évêques de Birmanie avait témoigné "son soutien, sa reconnaissance et sa solidarité envers la station de radio continentale catholique pour l’Asie" en consacrant aux services birmans de Radio Veritas les fonds collectés à l’occasion de la Journée mondiale des communications. Il a ajouté qu’aucune autre Conférence épiscopale n’avait encore accompli, à ce jour, un tel geste (2). Radio Veritas émet en birman (la langue nationale), en karen et en kachin. Elle diffuse également en zomi-chin, langue tribale parlée en Chine, en Inde et en Birmanie.

Selon le P. Eilers, de nombreux diocèses en Asie reversent à la radio catholique une partie de la subvention annuelle reçue de la Congrégation vaticane pour l’Evangélisation des peuples, mais les dons des diocèses restent "minimes" en comparaison de la "très importante contribution" annuelle venue, notamment, d’Allemagne. Depuis 1960 en effet, la Conférence épiscopale d’Allemagne et les organismes catholiques d’aide allemands, tels que Misereor et Missio, financent Radio Veritas. Mais, à la fin des années 1990, les donateurs allemands ont annoncé une réduction progressive de leur aide financière et demandé à la FABC d’augmenter sa participation au financement de la station et de la rendre autonome.

Après plusieurs rencontres, les évêques d’Asie décidèrent de créer des comités de programmation pour renforcer le soutien local et organiser des collectes dans leurs Eglises, particulièrement auprès de celles concernées par tel ou tel programme. Radio Veritas possède des comités de programmation en Inde, au Sri Lanka et au Pakistan. Les évêques de Birmanie viennent de décider d’établir leur propre comité.

Dans les pays d’Asie les moins développés, la radio par ondes courtes reste toujours très populaire et abordable pour obtenir des informations, particulièrement là où les médias sont contrôlés par l’Etat (3). Dans son exhortation apostolique Ecclesia in Asia (‘L’Eglise en Asie’) qui concluait le Synode des évêques pour l’Asie en 1998, le pape avait appelé les Conférences épiscopales et les diocèses d’Asie à "renforcer" Radio Veritas par une programmation appropriée, un soutien en personnel et une participation financière.

(1) Quasiment dès son lancement, Radio Veritas a connu des difficultés budgétaires. Voir EDA 106
(2) Voir EDA 391
(3) Sur le rôle important de Radio Veritas aux Philippines, voir par exemple EDA 114, 134, 249, 385
© EDA

 

 

 

 

 

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